
Et si, plutôt que d’apprendre à aimer, il fallait apprendre à désaimer ? C’est ce que propose la philosophe Fabienne Brugère dans son dernier livre et dans un grand entretien avec Sciences Humaines. Je vous explique : elle encourage le fait de travailler à retirer son amour à quelqu’un et à regarder nos ruptures bien en face.
D’abord, elle explique que la conception fusionnelle de l’amour existe depuis très longtemps. Platon disait déjà que nous ne sommes que la moitié d’un être humain, que nous cherchons l’autre moitié pour former un être complet. Et aujourd’hui, on a toujours cette équation 1 plus 1 égale 1 dans la fusion amoureuse, une illusion pour Fabienne Brugère qui trouve que l’amour est encore trop idéalisé. Un amour équilibré reste pour elle une relation épanouissante, intime, dans laquelle on est à la fois dépendant et indépendant de la personne qu’on aime. Mais quand cet amour ne nous satisfait plus, alors on commence à désaimer.
Fabien Bruger relève trois signes : la dispute, l’ennui et le silence. Certes, il restera toujours des raisons d’aimer, notamment parce que le fait d’aimer est très valorisé dans notre société, plus pour les femmes que pour les hommes, d’ailleurs. La philosophe explique donc que désaimer est moins attrayant et quand le moment arrive de retirer son amour, on a l’impression d’être face à un mur infranchissable. Et donc, à ce moment-là, pour elle, il faut éviter d’être passif, faire l’effort de désaimer pour se retrouver soi-même.