Petite leçon de vie incroyablement enrichissant
on regarde le monde a travers nos sensations
nos émotions nos pensée c’est observation
ce qui filtre notre réalité
qu’il est important de désapprendre
pour laissez place a de nouvelle connaissance
que ferais l’amour ? que ferais l’absence de peur ?
dans cette situation
« Mais t’as pas eu peur ? »
Ça, c’est la question
qu’on m’a le plus posée
ces quatre dernières années.
Alors, vous me direz :
« Mais qu’est-ce que tu as fait ? »
Eh bien, contre toute attente,
je ne suis pas partie m’expatrier
dans un pays en guerre,
je n’ai pas été kidnappée
par un groupe terroriste
ou je n’ai pas eu à me battre
contre une maladie grave.
Non, moi, il y a quatre ans,
j’ai soudainement ouvert les yeux
et je me suis offert
le plus beau des cadeaux :
la liberté.
J’ai tout quitté d’une vie
peut-être chouette sur le papier,
mais qui ne me correspondait plus du tout.
J’ai lâché Paris,
le job de rêve dans le luxe,
l’homme parfait,
le duplex avec vue sur Notre-Dame
et surtout un bon gros sentiment de vide.
Et je m’en suis allée réaliser
mon plus grand rêve :
faire le tour du monde.
Et donc je suis partie avec mon sac à dos,
mon grand sourire,
mon aller-simple pour Rio,
la confiance en bandoulière,
parcourir ce monde
pendant près de trois années
en espérant remettre un peu de sens
dans tout ça
et un peu de vie dans mes années.
Et du sens, dieu sait que j’en ai trouvé
et que la vie que je me crée depuis
est alignée,
utile et profondément épanouissante.
Mais rien n’y fait.
Peur, peur, peur.
Avant mon voyage, pendant, depuis,
on ne me parle que de ça.
Parce que cette transition de vie,
figurez-vous que j’en ai parlé.
Je l’ai communiquée
via des textes sur Internet.
Donc des retours sur ma situation,
finalement, j’en ai eu des milliers.
Je vais vous donner un petit aperçu.
« Oh, moi aussi, je ferais bien pareil,
mais j’ose pas. »
« Toi Margaux avant de partir,
t’avais pas peur de partir seule
en étant une femme ? »
« T’avais pas peur qu’il t’arrive
une maladie, un accident,
de te faire voler, violer, agresser ? »
Plus philosophique parfois.
« T’avais pas peur de réaliser qu’en fait
ton rêve d’enfant n’était qu’une illusion
ou que le bonheur n’existe que
lorsqu’il est partagé ? »
« Et depuis que tu as décidé de rentrer,
t’as pas peur de rentrer,
de plus aimer la France, de pas retrouver
tes marques, d’avoir envie de repartir ? »
Et dans un autre registre aussi, parfois.
« Oh, tu m’inspires avec
ton changement de vie,
je ferais bien pareil !
J’ai la trouille de démissionner,
de pas retrouver autre chose,
de manquer de talent, d’idées,
de clients, de temps, d’argent. »
Et moi, je suis là,
de l’autre côté de l’Atlantique,
et je réponds à chaque peur,
à chaque lecteur,
à chaque message que je reçois, jusqu’à
ce qu’un jour, paf ! la peur de trop,
je la prends en pleine face,
sans prévenir.
Je suis au Costa Rica, quand je réalise :
« Mais en fait, ce monde entier
est mort de trouille ! »
Et ça ne choque personne.
Pourquoi ce mot peur, sans cesse,
tout le temps ?
Parce que, pour rappel,
dans mon cas en tout cas,
c’est l’histoire d’une fille
qui change de vie
et qui réalise son rêve.
Alors est-ce que c’est si difficile
d’imaginer qu’au-delà de la peur,
elle a pu ressentir ne serait-ce
qu’un petit peu d’enthousiasme ?
Pourquoi ce n’est pas de ça
dont on lui parle ?
Faut me rappeler à quel moment
l’humanité tout entière
s’est mise à ne plus prendre les choses
que sous l’angle de l’angoisse.
« J’ai peur donc je suis »,
c’est ça le nouveau truc à la mode ?
Non, moi, j’ai mieux à vous proposer.
Une autre voie est possible.
Laissez-moi vous embarquer
dans l’un des plus beaux enseignements
de ce fameux grand voyage.
Vous êtes prêts ? C’est parti !
Déjà, j’aimerais qu’on comprenne
ensemble, maintenant,
quelque chose de très important.
La peur, notre peur, a un coût.
Bon nombre d’industries sont bâties
sur celle qui fait finalement de nous
des consommateurs plutôt dociles
et fidèles qui en redemandent même.
Au-delà de ce qu’elle nous coûte,
et donc rapporte à d’autres, en armes,
en alarmes, en assurances,
en systèmes de protection,
en traitements divers et variés
pour ne pas vieillir, ne pas grossir,
eh bien, elles nous coûtent surtout
nos rêves, nos projets, notre audace
et du coup nos vies,
à côté desquelles on passe parfois,
à force de ne pas oser se lancer.
Et ça, à mes yeux,
c’est bien trop cher payé.
Ensuite, rappelons que la peur,
à l’origine, est utile.
En tout cas à petite dose,
en cas de danger précis,
sa fonction est de rassembler la totalité
de nos capacités physiques
afin de nous permettre, au choix,
de contre-attaquer ou de nous enfuir.
Donc, la peur, en nous évitant
la douleur physique ou la mort,
elle a permis
à la race humaine de survivre.
Mais aujourd’hui,
elle l’empêche carrément de vivre,
car de la petite dose, on est passé
à la perfusion quasi quotidienne.
Notre usage actuel de la peur
va bien au-delà
de sa fonction physiologique première,
d’autant plus que seulement 8%
de nos angoisses
sont basées sur des menaces réelles.
Toutes les autres sont le fruit
de nos projections mentales à nous tous,
qui vivons bien trop dans nos têtes.
Alors, regardez plutôt.
« Tu pars ! Oh waouh,
mais t’as pas peur ? »
« Tu rentres, mais t’as pas peur ?
Ah et tu te réinstalles en Europe ?
Et t’as pas peur ? »
Vous voyez bien que la peur
n’est pas dans la situation observée
mais dans l’esprit de celui qui l’observe.
Aujourd’hui, et c’est bien dommage,
on dégaine l’angoisse
comme premier réflexe.
C’est normal en même temps,
on nous y conditionne chaque jour,
mais nous pouvons aller contre
ce conditionnement,
nous pouvons désapprendre
ce que nous avons appris.
Oui, appris, vous m’avez bien entendue.
Car elle nous est devenue
tellement naturelle cette peur
qu’on oublie qu’elle n’a pas toujours
été présente.
Le bébé ne naît qu’avec deux peurs :
celle de tomber ou des bruits trop forts.
Toutes les autres sont des réactions
acquises par l’enfant
au cours de ses premières années de vie
ou développées plus tard par l’adulte.
Il faut comprendre qu’en fait,
on apprend à craindre ces choses
que nos parents, notre culture,
notre société craignent.
Que l’on en ait
une expérience directe ou non d’ailleurs.
Je vous donne un exemple.
Moi, j’avais peur des mygales
bien avant d’en croiser une.
Alors je ne vous dis pas ma surprise quand
lorsque pendant mes deux mois en Amazonie,
j’ai découvert que les enfants,
même tout tout petits,
les adoraient et jouaient avec.
Vous voyez, je crois que c’est là-bas,
au cœur de cette forêt
la plus dense du monde
que j’ai commencé à questionner
mon rapport à la peur.
Et je sais que c’est là-bas aussi,
sur les routes de cette Amérique Latine
que j’ai parcourue
en long, en large et en travers,
que j’ai commencé à découvrir
et à pratiquer l’autre voie.
Car justement, des voies,
il n’y en a que deux : la peur et l’amour.
Enfin je devrais plutôt dire
la peur ou l’amour
car justement c’est l’une ou l’autre
et le comprendre, ça a changé ma vie.
Je vous explique.
Vous l’aurez peut-être
compris à ce stade :
mon voyage a été plus initiatique
que touristique,
et donc, mes expériences spirituelles,
mes rencontres,
mes échanges à cœur ouvert,
mes lectures aussi,
m’ont amenée à comprendre,
mais encore plus en fait à ressentir
à quel point au sein de l’être humain
il n’y a que deux élans, deux impulsions,
deux émotions racines finalement :
la peur ou l’amour.
Et donc, si l’on décortique chaque parole
ou comportement d’un être humain,
finalement à sa source,
qu’est-ce que l’on trouve ?
Soit un élan de peur, une fermeture,
une méfiance,
soit un élan d’amour, de confiance,
une ouverture finalement.
Et si j’insiste autant sur le mot « ou » à
chaque fois, c’est pour une bonne raison :
peur et amour sont les deux extrémités
d’une même réalité.
Un peu comme le chaud et le froid,
le jour et la nuit,
qui ne sont pas si opposés, si différents
que l’on a tendance à le croire.
Acceptez de changer quelques instants
avec moi de perspective.
Et si le chaud et le froid,
et l’ombre et la lumière
n’étaient finalement pas opposés.
S’ils étaient la même réalité,
donc dans un cas, la température,
dans l’autre la lumière,
simplement expérimentées
à des intensités différentes.
D’accord ? Et si donc, le froid
n’était que l’absence de chaleur
et l’ombre, l’absence de lumière.
En fait, en présence de l’un,
on ne peut pas expérimenter l’autre.
Peur, amour, chaud, froid, jour, nuit
sont en fait comme les deux faces
d’une même médaille.
On expérimente donc l’une ou l’autre
mais on ne peut jamais observer
les deux en même temps.
La peur, vous m’avez suivie,
la peur est donc à l’amour
ce que le froid est au chaud
et ce que l’ombre est à la lumière :
son absence.
La peur est l’absence d’amour.
Ce qui veut dire par définition
qu’à chaque fois qu’on choisit la peur,
on ne choisit pas l’amour.
Et moi ça, ça m’alerte,
vu la place toujours plus grande
que la peur prend dans nos vies
et dans nos sociétés.
En revanche, ce qui me rassure,
c’est que j’ai vraiment compris
à quel point l’être humain
pouvait choisir son expérience.
C’est-à-dire qu’on peut consciemment
décider d’observer
une même situation sous un angle
ou sous un autre.
Et comment on fait ça ?
Eh bien, c’est très très simple.
On se pose une question
qui tient en trois mots.
Que ferait l’amour ?
Ça n’a peut-être l’air de rien comme ça
mais il y a un avant
et un après cette question dans ma vie.
Cette question, c’est Marianne Williamson
qui me l’a offerte
au détour d’une page
de son ouvrage de référence.
Et c’est à mon tour de vous l’offrir
ce soir car c’est important,
et car cette simple question,
elle a un pouvoir immense,
celui de remettre l’amour au centre
et donc d’offrir la possibilité
d’une transformation immédiate.
Votre expérience, votre perception
d’une personne ou d’une situation
change en un instant.
Regardez, on va pratiquer ensemble.
Que ferait l’amour
à ma place, là, dans cette situation ?
Je vais reformuler parce que je pense
que c’est plus parlant.
Que ferait l’absence de peur,
à ma place là, dans cette situation ?
Qu’est-ce que moi Margaux je penserais,
qu’est-ce que je dirais,
qu’est-ce que je ferais là,
si je n’avais pas peur, d’être ridicule,
d’être jugée, d’être rejetée,
d’être moquée, de rater,
de perdre, de mourir ?
Posez-vous bien cette simple question.
Écoutez la réponse et ensuite pensez ça.
Dites ça, toujours plus de ça.
Vous verrez que là où la peur vous
incite à la timidité, à l’immobilisme,
à la lâcheté, à la colère,
à l’égoïsme, à la violence,
à la condamnation, au jugement,
à la guerre, finalement,
votre cœur, lui, vous incitera
toujours à la confiance, à l’indulgence,
à la bienveillance, à la compassion,
au don, au parti pris de ne pas juger,
au partage, à l’intimité,
à la générosité, à la paix.
La voie de la peur ou la voie de l’amour,
ou je pourrais dire aussi
la voie du mental ou la voie du cœur.
Qui allons-nous choisir d’écouter ?
C’est important. Chacun nous emmènera
à des vies finalement très différentes.
Donc choisissons bien.
Et c’est important pour soi,
mais pour ce monde aussi,
qu’à chaque instant,
on prenne la bonne décision.
Pour soi pourquoi ? Eh bien moi,
je crois profondément que notre cœur
nous emmènera plus loin
dans des vies plus alignées,
qui nous ressemblent davantage
et potentiellement plus épanouissantes.
Prenons mon exemple.
J’avais très très envie
de partir en voyage,
tout quitter et partir, ça,
ça ne me posait aucun problème.
En revanche, dès que je commençais
à penser au retour,
ça me paralysait d’angoisse.
Je me voyais revenir sans argent,
sans emploi et sans amoureux.
Et puis galérer à retrouver les trois.
Alors comment j’ai fait ?
Eh bien, j’ai fait vite,
j’ai pris ma décision en moins
de sept jours, j’ai fait taire ma tête,
sinon évidemment les doutes et les peurs
auraient réussi à me paralyser à Paris.
Et j’ai écouté mon cœur,
et sincèrement je le referais cent fois.
Et d’ailleurs je l’ai fait 100 fois,
ces quatre dernières années
et c’est ce qui explique selon moi
que la vie que je mène aujourd’hui
est radicalement différente
de celle que j’ai laissée à Paris.
Mon cœur m’a donné du courage,
m’a donné les ailes
pour réaliser entre autres
100 000 km en Amérique Latine
dont 9 000 en stop,
dormir chez l’habitant dans 12 pays,
habiter au cœur de l’Amazonie,
dépasser ma peur de l’océan, des requins.
Dépasser aussi ma timidité, pour commencer
à publier ces textes sur Internet,
parce que je voulais inspirer les gens
à se poser ces mêmes questions.
En fait mon cœur, il m’a permis
de réaliser des tas de défis.
Le dernier en date,
je vous laisse imaginer.
Évidemment que mon ventre
s’est serré très fort
quand on m’a proposé ce TED.
Mais j’ai ressenti au moins
autant d’enthousiasme,
alors j’ai choisi consciemment
d’écouter l’enthousiasme.
Attention, je ne suis pas non plus
en train de vous dire
de désormais foncer tête baissée,
d’accepter tout ce qu’on va vous proposer.
Non, moi la peur, je recommande
de la remplacer par la prudence.
La prudence, c’est cette chose magique
qui vous mobilise
et vous fait regarder à droite et à gauche
avant de traverser la route.
Tandis que la peur, c’est
cette chose sournoise qui vous paralyse
et vous maintient potentiellement
toute une vie du même côté de cette route.
Bien sûr que j’étais consciente
des risques,
bien sûr que j’ai été prudente
dans ce voyage de près de trois ans.
Mais ça ne m’a pas empêchée
de le vivre à ma manière.
Et ma manière, c’est quoi ?
C’est confiance en avant.
Et je vous garantis que mon sourire,
ma bonne humeur, ma bienveillance
et ma gratitude m’ont ouvert des portes
absolument partout
car elles sont universelles.
Et c’est ça le dernier truc
que j’aimerais vous partager ce soir.
Vous l’aurez compris, écouter votre cœur
davantage que vos peurs,
c’est important pour vous, mais c’est
crucial pour le monde dans lequel on vit.
Nos sociétés sont devenues
tellement anxiogènes
que l’amour en est devenu suspect.
Oui suspect, je pèse mes mots.
Vous avez déjà essayé, vous ?
De sourire franchement
à des inconnus dans la rue.
Moi oui, tout le temps.
Eh bien, c’est consternant.
Huit sur 10 ont l’air surpris,
carrément inquiets
ou font comme s’ils ne m’avaient pas vue.
Deux me sourient en retour.
Plus fou encore, tenter le bonjour
ou le compliment à un ou une inconnue.
Et observez-le carrément se demander
ce qui vous prend,
ou chercher la caméra cachée.
Ça devient difficile dans notre monde
d’aider un inconnu, de porter des courses,
de donner deux euros à quelqu’un
à qui ça manque à la caisse
ou d’aider une personne âgée à traverser,
car elle va vous regarder de travers.
Bah oui quoi, vous êtes louche
avec votre gentillesse.
En revanche, tous regarder par terre,
dans le métro,
insulter un inconnu au volant,
déballer anonymement, tant qu’à faire,
sa haine sur Internet,
harceler un camarade de classe ou un
collègue, ça, c’est devenu plutôt banal.
Ce n’est pas le monde
dans lequel, moi, j’ai envie de vivre.
Et vous non plus, j’en suis sûre.
Alors c’est pour ça que je suis là,
ce soir, à dépasser ma peur,
pour nous rappeler à quel point
l’amour et la bienveillance
n’ont jamais tué personne,
alors que la peur et la violence
qui peut en découler, si.
Alors, le système de la peur
ne sera pas démantelé en un jour,
j’en ai bien conscience.
Mais je sais aussi qu’il a besoin
de chacun d’entre nous
pour commencer à s’effriter.
Assumons d’être en décalage ;
dans un monde qui flippe et se contient,
assumons d’aimer et d’oser nous lancer.
C’est important,
c’est une question à se poser,
une décision à prendre, un camp à choisir,
il n’y a pas de neutralité.
Tous ensemble,
nous pouvons réécrire l’histoire.
Consciemment, régulièrement,
faisons le choix du cœur sur la peur.
Devenons des activistes
de l’amour et de la bienveillance.
Je vous préviens,
nous ressentirons à nouveau la peur,
après avoir choisi l’amour, c’est naturel,
comme la lumière peut s’éteindre,
après avoir été allumée.
C’est justement à cet instant
qu’il est de notre responsabilité
de rallumer cette lumière,
d’ouvrir grand les volets,
et une par une d’allumer
une nuée de petites bougies.
Mère Theresa disait :
« Ce monde se guérira par des pensées
d’amour, une pensée à la fois.
Il n’existe pas de grandes actions,
juste des petites actions,
accomplies avec un grand amour. »
C’est tellement important, c’est tellement
nécessaire et tellement simple.
Vous me direz : « Il va donc falloir
que l’on s’aime pour s’en sortir ? »
Oui, mais ne vous inquiétez pas,
comme le disait Romain Gary,
« n’ayez pas peur du bonheur,
ce n’est qu’un bon moment à passer. »
Et à cette question,
qu’on m’a si souvent posée,
j’ai envie de vous répondre ce soir.
Si j’ai eu peur ? Bien sûr !
Un peu, de vous-même, peut-être.
Beaucoup parfois, mais ce n’est pas grave,
j’aime ça.
Merci.
(Applaudissements)