dans une patience infini ,l’espace et le manque
devienne vertu et ce transforme en stabilité émotionnelle
ça développe la confiance en espérance
a ce demandé si l’amour tombe du ciel
gracieusement offert par l’auteur du livre
Un parcours sur l’Amour en treize étapes.
Merci
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1. L’AMOUR
EST PATIENT
Au début de l’hymne à l’Amour, Paul commence par nous dire ce qu’est l’Amour: l’Amour est patient… La traduction littérale du verbe grec est : “l’Amour a grand cœur”… Tout un programme pour notre vie quotidienne; seul l’Esprit Saint peut l’accomplir en nous…
Dieu est patient
L’ensemble de la Bible en témoigne: Dieu est patient. Au long de son histoire, le peuple hébreu a pris une conscience de plus en plus profonde de la patience de Dieu. Lors de la révélation faite à Moïse, Yahvé se proclame « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et fidélité… » (Ex 34,6ss). Les révélations successives insisteront de plus en plus sur la patience, l’amour miséricordieux du Père qui « sait de quoi nous sommes pétris; lent à la colère, et plein d’amour, il ne nous traite pas selon nos fautes » (Ps 103,8).
Jésus, par son attitude à l’égard des pécheurs et par ses enseignements, incarne la patience divine. Les paraboles du figuier stérile (Lc 13,6-9) et de l’enfant prodigue (Lc 15), celle du serviteur impitoyable (Mt 18,23-35) sont autant des révélations de la patience de Dieu, qui veut sauver les pécheurs, que des leçons de patience et d’amour à l’usage des disciples. Dans la parabole du juge et de la veuve, Jésus invite à prier sans cesse pour que la justice advienne, mais en restant conscient que Dieu patiente: « Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit, tandis qu’il patiente à leur sujet! Je vous dis qu’il leur fera prompte justice. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? » (Lc 18,1-8).
Les apôtres voient dans le retard apparent de la venue de Jésus en gloire une manifestation de la patience divine: « Le Seigneur ne retarde pas l’accomplissement de ce qu’il a promis, mais il use de patience envers vous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2P 3,9ss). Tant que dure l’aujourd’hui de la patience de Dieu et de son appel, les élus doivent écouter sa parole et d’efforcer d’entrer dans le repos de Dieu (He 3,7-4,11). Saint Paul, parlant de lui-même, a une vive conscience de la patience de Dieu à son égard: « S’il m’a été fait miséricorde, c’est pour qu’en moi, le premier, Jésus Christ manifestât toute sa patience, faisant de moi un exemple pour ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle » (1 Tm
1,16).
Patience et impatience,
un baromètre ?
Cette patience de Dieu, l’Esprit Saint l’infuse en nos cœurs et nous devons en donner témoignage par notre vie. « En toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité » (Ep 4,2; cf. Col 3,12). Cette patience doit s’exercer à l’égard de tous: « Nous vous y encourageons, frères, reprenez les désordonnés, encouragez les craintifs, soutenez les faibles, ayez de la patience envers tous », écrit Paul aux Thessaloniciens (1 Th 5,14).
LA PATIENCE, UN SIGNE DE MATURITÉ DANS L’AMOUR.
La patience est le signe qu’on s’est dépris de soi-même. La personne patiente est totalement remise à Dieu. Elle se laisse orienter à chaque instant selon ce qui vient, avec foi (c’est Dieu qui est présent), espérance (il me conduit au mieux) et amour (il m’aime, c’est pour mon
bien, et je veux l’aimer). La patience est le signe que le brisement intérieur est fait, ou en voie de se faire: on est remis à Dieu. Par son Esprit d’Amour, il produit alors en nous ce très beau fruit de la patience, qui contribue à la sérénité et à la paix.
« L’amour ne va jamais seul, sans son cortège des vraies et réelles vertus, qui toutes puisent leur vie dans le foyer même de la charité; toutefois, les vertus de mon Christ n’ont pas la même mesure que les vôtres. Parmi ces vertus, la principale est la patience, qui est comme la moelle de l’amour: c’est elle qui est pour l’âme le signe infaillible qu’elle est en grâce avec Dieu et qu’elle aime véritablement. C’est pourquoi sa mère, la charité, l’a donnée pour sœur à la vertu d’obéissance, et les a si bien unies ensemble que la perte de l’une entraîne la mort de l’autre. On les a toutes les deux, ou l’on ne possède ni l’une ni l’autre ».
Sainte Catherine de Sienne, Le Dialogue, Téqui, II pp.253-254.
L’IMPATIENCE, EXPRESSION DE L’ATTACHEMENT À NOTRE VOLONTÉ PROPRE.
L’impatience est significative d’un attachement à ses propres projets, ses propres idées, ses propres désirs, jusqu’à vouloir tout faire pour les réaliser. Mais comme ce n’est pas si simple, l’impatience se manifeste souvent à travers des attitudes de colère, de brusquerie, de jugements, de paroles blessantes… des rivalités, des mensonges…
L’impatience avérée est une manifestation d’égocentrisme: je fais tout tourner autour de moi et je n’accepte pas d’être contrecarré dans mes intentions ou mes réalisations. C’est pourquoi, l’impatience est un clignotant qui me signale : je ne suis pas dans l’amour. Il me faut m’arrêter, m’ouvrir à la présence de Dieu, me remettre à lui, accepter la réalité comme donnée par lui, demander la force de l’Esprit Saint, puis repartir dans la paix. Voici quelques lumières, tirées des écrits de sainte Catherine de Sienne.
« La patience ne se prouve qu’au temps de l’adversité, car sans tribulation, cette vertu n’existe pas; celui qui n’est pas affligé n’a pas besoin de patience, puisque personne ne lui fait injure. Je dis que la patience montre si les ver- tus sont ou ne sont pas dans l’âme. Comment voyons-nous qu’elles n’y sont pas? Par l’impa-tience.
Voulez-vous voir si les vertus sont encore imparfaites, et si la racine de l’amour propre vit encore dans l’âme? Examinez le fruit qui en sort au moment de l’affliction; si c’est un fruit de patience, c’est un signe que la racine de la volonté propre est morte, et que les vertus sont vivantes; si c’est un fruit d’impatience, il est évident que la racine de la volonté propre est encore vivante, et qu’elle n’est point insensible, car ce qui vit est sensible, tandis que ce qui est mort ne sent rien. Les vertus ne sont pas dans cette âme».
Sainte Catherine de Sienne, Lettres I, Lettre CI, Téqui, pp.656-7.
Suis-je patient ?
Avec moi-même? Marqués par le péché, nous avons tendance à nous décourager quand nous constatons que nous retombons toujours dans les mêmes fautes, ou bien que nous ne manifestons aucun progrès réel dans la conversion, ou dans la transformation spirituelle de notre personnalité. La patience envers soi-même est à distinguer de l’indulgence menant à la facilité et au laxisme. Elle est une véritable manifestation de l’amour qui vient de Dieu; une sorte de regard qu’on pose sur soi et qui continue à espérer, parce que Dieu m’aime et espère ma conversion…
Ce regard de patience et de miséricorde se dirige ensuite vers les autres, vers tous ceux qui m’entourent et qui me prennent plus ou moins “à rebrousse-poil” dans leur façon d’être ou d’agir. Cette bonté empreinte de patience s’étend également aux circonstances de ma vie de chaque jour, justement envers celles que je n’ai pas choisies… Je vérifie là ma liberté intérieure. Il n’est pas jusqu’à la façon de traiter avec délicatesse les choses matérielles qui ne soit le signe de la patience
LA PATIENCE EST CONSTRUCTIVE
La patience, fruit de l’amour, construit l’amour à la maison, dans nos relations, dans notre travail, en vérité dans notre être même. Par la patience, nous faisons grandir les autres autour de nous dans l’amour, nous leur permettons de se mettre sur le chemin de l’amour…
La patience enracine l’espérance. Combien de fois n’avons-nous pas fermé la porte et les cœurs à l’espérance par manque de patience, en “expédiant” la personne à aimer ou la chose à faire… Par la patience, nous donnons le temps aux personnes et aux choses d’être là et de tendre vers le plan de Dieu…
La patience communique la paix du cœur. Elle désamorce les élans de violence en l’autre et en moi, elle établit dans un état de stabilité qui est la marque de la confiance qu’on a en Dieu. Par la patience, nous apprenons à marcher au pas de Dieu, dans les petites choses comme dans les grandes.
ELLE ACCUEILLE DIEU DANS LE « RÉEL »
L’amour est patient. Si je vis dans la charité de Dieu, celle-ci produit en moi ce fruit de la patience, et contribue à ma croissance dans l’amour:
* J’accueille les personnes telles qu’elles sont sans les vouloir autres…
* J’accueille les événements qui me dérangent avec sérénité, les laissant bousculer mes programmations les meilleures…
* J’accueille l’imprévu dans la paix, en acceptant qu’il puisse avoir un sens pour ma vie, et dans le cœur de Dieu…
Au contraire, l’impatience me “jette” littéralement en direction de mes horizons préférés et contribue à m’y replier. Je passe à côté du don d’amour de Dieu qui était contenu dans ce qui m’était présenté.
ELLE ATTEND L’HEURE DE DIEU
La patience, c’est aussi, par rapport à un désir de notre cœur que l’on sait être dans le sens de la volonté de Dieu, savoir attendre l’heure de Dieu, sans se décourager ou sans “mettre des bâtons dans les roues” par notre façon de vouloir hâter les choses…
Pour Dieu, “un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour” (2P 3,8; Ps 90,4). Il convient donc d’attendre avec constance ce que Dieu a promis, et la maturation de ce qu’il fait germer. L’impatience, à cet égard, peut se révéler tout à fait nuisible: l’inquiétude pour l’œuvre de Dieu, comme pour toute chose, ne change strictement rien à la réalité.
Il est des grands tourments qui peuvent traverser une vie, et se révéler dévastateurs, sous prétexte d’un plus grand amour, ou d’un plus grand service de Dieu… parce que nous n’avons pas vu que nous étions appelés à nous abandonner à travers cette épreuve même…
La patience est libératrice
La patience nous libère des tourments et des inquiétudes, dont la cause peut par ailleurs être justifiée… Mais lorsque les choses ne sont pas en notre pouvoir, il convient de les remettre à Dieu, et de rester en paix. Il s’en occupe… La patience nous libère de la déception. La déception est encore la trace d’un attachement à des idées et à des calculs. L’amour véritable s’épa-nouit en patience et en espérance. Il libère donc de l’amertume … « Même quand je ne comprends rien aux événements, je souris, je dis merci, je parais toujours contente devant le bon Dieu. Il ne faut pas douter de lui, c’est manquer de délicatesse. Non, jamais ‘d’imprécations’ contre la Providence, mais toujours de la reconnaissance » (Saint Thérèse de l’Enfant-Jésus, CSG, 72).
La patience nous libère de l’irritation. Celle-ci est fréquente, et c’est le signe que notre personnalité a besoin de mûrir spirituellement. Dans les cas extrêmes, bien sûr, elle se transforme en colère dévastatrice… L’irritation montre que la croix nous agace. La croix, c’est tout ce qui se met en travers de notre volonté propre dans l’instant. Au fur et à mesure de notre maturation, nous apprenons à accueillir la volonté de Dieu à travers ce qui vient, en nous déprenant de notre volonté propre. Nous sommes moins énervés, et plus en paix… La patience libère de la violence à laquelle nous finissons toujours
par arriver, sous une forme ou sous une autre, quand nous refusons ce qui se présente à nous…
La patience contribue aussi à une libération du désir de perfectionnisme moral qui est une véritable entrave lorsque nous le confondons avec l’appel à la sainteté. L’application à tout faire au mieux peut générer une frustration ou des complications incessantes parce que l’on confond être impeccable et être dans l’amour de Dieu. Dieu nous demande de nous laisser aimer dans nos faiblesses mêmes; nous attacher par trop à la perfection avant tout pourrait bien nous détourner du seul objectif qu’il nous faut poursuivre: sans cesse ouvrir nos cœurs à son amour…
« O fille bien-aimée, cette Patience est reine. Assise sur le roc de la force, elle est toujours victorieuse, jamais vaincue. Elle n’y est pas la seule, elle a pour compagne la persévérance. Elle est la moelle de la charité. C’est elle qui révèle au dehors la présence de la charité; c’est elle qui prouve que l’âme est revêtue de la robe nuptiale. Ce vêtement porte-t-il une déchirure, une imperfection, le manque de patience la fait aussitôt découvrir.
Il est facile de se tromper sur toutes les autres vertus. On peut croire qu’elles sont parfaites, bien qu’elles ne le soient pas, tant qu’elles n’ont pas subi l’épreuve de la patience. Mais si cette douce patience est la moelle de la charité dans l’âme, elle révèle par là même que toutes les vertus sont parfaites et vivantes. Si elles ne fournissent pas cette preuve, c’est qu’elles sont encore à l’état imparfait, c’est qu’elles ne sont pas encore parvenues à la table de la très sainte Croix, où la patience est conçue dans la connaissance de soi-même et la connaissance de ma Bonté en soi, où elle est enfantée par une sainte haine (du péché), et reçoit l’onction d’une humilité vraie. Cette patience ne refuse jamais l’aliment qui lui est servi sur cette table, et qui est mon honneur à Moi et le salut des âmes. Elle s’en nourrit sans cesse: voilà la vérité ».
Sainte Catherine de Sienne, Le Dialogue, Téqui, I pp.340-341.
MÉDITATION POUR UN CHAPELET
1. L’AMOUR EST PATIENT. Lors de la révélation faite à Moïse, tu te proclames « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et fidélité… » (Ex 34,6ss). Béni sois-tu Seigneur, toi qui nous révèles ta miséricorde; donne-nous de découvrir toujours mieux ta patience.
2. L’AMOUR EST PATIENT. « Le Seigneur ne retarde pas l’accomplissement de ce qu’il a promis, mais il use de patience envers vous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2P 3,9ss). Donne-nous Seigneur, de rendre témoignage à ta patience en exerçant nous-mêmes cette même longanimité envers ceux qui nous entourent.
3. L’AMOUR EST PATIENT. »Nous vous y encourageons, frères, reprenez les désordonnés, encouragez les craintifs, soutenez
les faibles, ayez de la patience envers tous », écrit Paul aux Thessaloniciens (1 Th 5,14). Libère-nous, Seigneur, de tout esprit de jugement; accorde-nous l’humilité du cœur.
4. L’AMOUR EST PATIENT. « En toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité » (Ep 4,2; cf. Col 3,12). Donne-nous, Seigneur, d’accueillir les autres tels qu’ils sont; les événements qui me dérangent avec sérénité; et l’imprévu dans la paix…
5. L’AMOUR EST PATIENT. « Prenez, frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. Voyez, nous proclamons bienheureux ceux qui ont de la constance. Vous avez entendu parler de la constance de Job et vous avez vu le dessein du Seigneur; car le Seigneur est miséricordieux et compatissant » (Jc 5,10-11). Pour te servir, Seigneur, et pour servir nos frères, accorde-nous la grâce de la persévérance.
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