dans les ruptures a répétition
on est en droit de ce demandé
si un mécanisme subconscients
ne viendrais pas jouer les autos-saboteur
en guise de protection de la sphère émotionnelle
donc d’un point de vue psychologique
on se retrouve dans une situation de déni
ou il serait très simple de comprendre
si on avais l’audace de ce mettre a la place de l’autre
est ce que vous vous seriez choisie dans cette instant de votre vie ?
[su_spoiler title= »Traduction « ]
Traducteur: Caroline Lefeuvre
Relecteur: eric vautier
Peut-être y a-t-il parmi vous
des gens qui ont fait l’expérience,
éventuellement douloureuse,
de la rupture amoureuse.
Après une rupture,
il arrive qu’on se remette en question.
Il arrive aussi qu’on ne change rien
à sa vie, en continuant comme avant.
Dans tous les cas,
c’est un moment si brutal et radical
qu’il nous permet d’apercevoir
quelques-uns de nos paradoxes.
Par paradoxe, je ne parle pas
des toutes petites choses.
Par exemple, vous rencontrez un copain
qui vous invite à l’apéro.
Vous lui demandez :
« Qu’est-ce que j’apporte? »
Il va vous répondre :
« Rien, c’est à la bonne franquette,
j’ai tout ce qu’il faut à la maison. »
En dépit ce que vous venez de vous dire,
les usages sociaux font
que vous avez compris
que vous alliez apporter quelque chose
et votre ami s’attend à ce que
vous apportiez quelque chose.
Si une créature de la planète Premierdegré
était témoin de tout ça,
il se dirait que les protocoles sociaux
des humains sont vraiment bizarres.
Je vais parler de paradoxes
qui ne sont pas beaucoup plus complexes,
mais qui ont un impact
plus important sur l’existence,
car ça se passe
dans le cadre d’une rupture.
Il faut que je vous parle de Jessica.
C’est une copine qui s’est fait larguer
un certain nombre de fois,
et qui me racontait en avoir marre
de tomber sur des connards,
encore et toujours des connards.
J’assiste un peu impuissant
aux déconvenues amoureuses de Jessica.
Premier connard : pas de bol.
Deuxième connard : vraiment pas de bol.
Au dixième connard, c’est difficile
de ne pas trouver qu’un schéma s’installe.
Le paradoxe, si on devait le représenter
sur une carte routière,
ce serait l’embranchement
de la route qui mène au déni,
et de la route
qui mène à la remise en question.
A propos de questions,
je vais vous en poser une.
Quel est le point commun entre
les chatouilles et les crottes de nez ?
Le point commun entre les chatouilles
et les crottes de nez ?
Le point commun est une question
de point de vue.
Si vous prenez la personne
la plus chatouilleuse au monde
et lui demandez
de se chatouiller elle-même,
vous n’allez pas obtenir grand-chose.
Certains d’entre vous peuvent encore
manger leurs crottes de nez,
mais en tout cas quand vous étiez petits,
au pic de votre consommation
de crottes de nez,
si on vous avait proposé
les crottes de nez de quelqu’un d’autre,
vous n’en auriez jamais voulu.
Car là encore,
c’est une question de point de vue.
Revenons à Jessica.
Si pour vous et pour moi c’est facile
de mettre le doigt sur son paradoxe,
pour elle, c’est beaucoup plus compliqué.
Et surtout, on ne peut pas
le faire à sa place.
Peut-être qu’à ce stade certains se disent
que je ne suis pas très psychologue,
que ça me passe au-dessus de la cafetière.
Il faut que je me présente.
J’ai 42 ans et si vous m’aviez dit,
quand j’étais petit,
qu’un jour, j’écrirais un livre
de psychologie de couple,
non seulement je ne vous aurais pas cru,
mais je vous aurais ri au nez.
Je viens d’un environnement
très cartésien.
J’ai fait math sup, math spé.
Je pense que quand j’étais plus jeune
j’ai dû dire à ma compagne de l’époque :
« Mais dis donc,
c’est pas un peu dans ta tête tout ça. »
Pour moi, à cette époque-là,
la psychologie était
comme la décoration d’intérieur :
un truc de fille.
Sauf que quand j’ai divorcé,
il a fallu que je meuble mon appartement.
J’ai fait très simple, au plus rapide,
et j’ai fait fonctionnel.
J’ai été dans un magasin
d’ameublement suédois.
J’ai acheté un certain nombre de trucs
et s’est posée la question des rideaux.
Les rideaux, je me suis dit,
je vais les prendre blancs et pas chers.
Sauf que des rideaux blancs et pas chers,
il y en a quatre modèles différents.
En ai-je si rien à faire que ça
de la décoration d’intérieur,
au point de prendre
le premier qui se présente sans réfléchir,
ou vais-je prendre cinq minutes
pour choisir celui qui me plaît le plus ?
C’est comme ça, mesdames, messieurs,
que je suis tombé dans une drogue dure :
la décoration d’intérieur.
Le paradoxe se loge
dans de toutes petites choses.
Comme vous le voyez, ça peut se loger
dans quatre rideaux blancs au même prix.
Le paradoxe n’est pas très orgueilleux.
En plus de ça, il est taquin.
Je vous ai dit qu’il est l’embranchement
menant au déni ou à la remise en question.
C’est certain que, dans cette salle,
des gens sont dans le déni.
Si je faisais une expérience,
que l’on rallumait la salle,
et que je demandais à ces gens
de lever la main,
on assisterait à un autre paradoxe.
Celui qui a assez de lucidité pour dire
qu’il est dans le déni, ne l’est pas.
Le paradoxe est décidément blagueur.
Comprenez-moi bien.
Je ne dis pas que sans remise en question,
point de salut,
et que le déni, c’est pour les gros nuls.
Le déni est éminemment fonctionnel.
C’est cette construction intellectuelle
qui permet au cerveau de se préserver
quand le principe de réalité
arrive à fond la caisse vers vous,
Si on revient à Jessica,
qu’est-ce qui est le plus facile
pour elle ?
Se dire :
« En dépit du mal que cela me fait,
je persiste à me remettre
avec des connards,
et ça dit beaucoup de choses sur moi
et ma façon de fonctionner. »
Ou est-ce plus facile pour elle de dire :
« Les mecs sont tous des connards,
je n’ai rien à voir là-dedans » ?
Passons à des travaux pratiques.
Je vais vous poser une autre question.
A votre avis,
pourquoi les hommes pissent debout ?
C’est une question simple.
Pourquoi les hommes pissent debout ?
Je vous vois perplexes.
Je vais vous proposer deux réponses.
Réponse A : les hommes pissent debout
car c’est une marque de leur virilité,
un atavisme de l’époque où il fallait
être sur le qui-vive tout le temps,
prêt à se défendre n’importe quand.
Vous n’imaginez pas
les discussions franches et viriles
qu’il y a dans les toilettes d’hommes,
dans des urinoirs. Réponse A.
Ou alors réponse B :
si les hommes pissent debout,
c’est parce que ce ne sont pas eux
qui nettoient.
Peut-être que dans l’une
de ces deux réponses –
je vous laisse juges –
vous avez détecté une part de déni.
Je vous donne un indice.
On reconnaît le déni car il passe
par des explications alambiquées,
alors que la vérité est plus simple.
Donc le déni est blagueur.
Il n’est pas très orgueilleux
et se niche dans des petites choses.
Le déni ne vous posera jamais
la question de votre permission.
Si vous voulez vous en convaincre
pensez à la pornographie.
La pornographie est câblée
pour parler à votre inconscient.
La pornographie est comme Élise Lucet.
Vous ne l’avez pas invitée,
elle est venue quand même,
et elle vous pose des tas de questions
que vous n’avez pas envie d’entendre.
Vous pouvez penser ce que vous voulez
de l’homosexualité,
des plans à trois, quatre, cinq,
du fétichisme du pied.
Si vous êtes exposé à une forme
que votre cerveau rejette en bloc,
et que le reste du corps saute de joie
à l’idée de faire un tour de manège,
vous êtes bien obligés
de vous poser la question.
« Bonjour, Élise Lucet,
Cash Investigation.
Alors, dites-moi, c’est quoi,
cette petite érection ? »
Le paradoxe ne vous posera jamais
la question,
Il ne vous demandera jamais la permission.
En plus de ça, le paradoxe est patient,
et reviendra à la charge
autant de fois qu’il faut.
Le paradoxe est comme le méchant
dans un film d’horreur.
Tant que vous ne vous dressez pas
en travers de son chemin,
et que vous ne lui tordez pas le cou,
il va revenir encore et encore et encore.
Jessica contre les connards 2 :
la vengeance.
Jessica contre les connards 3 :
il revient et il n’est pas content.
Vous ne pouvez pas
échapper à vos paradoxes.
C’est pour ça qu’un jour,
si on vous fait la remarque suivante :
« Tu n’es quand même pas
à l’abri de tes contradictions »,
vous pouvez vous en féliciter.
Jean Cocteau disait :
« Ce que le public te reproche,
cultive-le, c’est toi. »
Alors même si vos paradoxes ne vont pas
sans une dose de perplexité,
embrassez-les, chérissez-les.
Il n’est pas impossible qu’en chemin,
vous vous découvriez vous-même.
(Applaudissements)
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