de nos jours les sentiments
son plus tabou que tout le reste
les mentalité de bonhomme de cité
trop viril pour être main dans main
pudeur en société entre communauté
[su_spoiler title= »Lire la traduction « ]
En cité, c’est ce un sujet tabou. On parle pas d’amour. Jamais.
quoi que ce soit jamais on peut dire… Ou même entre nous, entre gars… Entre nous on parle… Jamais quelqu’un peut venir dire
»Je l’aime, franchement c’est ma meuf… ». Jamais. Jusqu’à aujourd’hui !
On parle pas d’amour en cité. Mais tout est en cachette. Sur le devant de la scène, y’a rien, mais derrière,
t’en as des choses à raconter, t’en a des choses à voir. Mais bon,
l’amour ça a toujours été comme ça en cité. Caché.
Dans les années 2000, en fait, je pars au Mali, mon pays d’origine. Je suis encore dans cette phase de transition
Entre les garçons et les filles pour moi y’a aucun…
Aucune différence quoi. Et là à ce moment là, moi je traîne avec mes cousines.
Mes cousines c’est mes soeurs pour moi, je suis content. On se raconte un peu nos
vies pour savoir un peu
comment c’est… Bon. Je ne maîtrise pas super bien la langue et tout etc. Il ya des barres de rire qui se tapent
par rapport à ça. C’est vraiment une super expérience. Et là à un moment donné
il ya les tantes qui sont là qui font des petites blagues, qui me disent:
»Bah elle est belle, hein? » »Ouais elle est gentille c’est ma cousine » Elle me dit »Bon bah ça va être ta femme. »
tu vois ? Tu te dis »Ah ouais c’est marrant » enfin
Marrant pour toi quoi, enfin tu pars et tu continues à faire ta petite vie et tout puis
le lendemain on te reparle de ça. Y’a une autre tante qui dit »Ah…
bon quand tu seras grand… Là t’es encore jeune. Dans trois quatre ans tu reviens, tu vas la chercher. »
Donc je vais voir ma mère elle en lui disant : »Mais qu’est ce qui se passe là ? C’est quoi le truc? le
concept? » Et elle me dit: »Bon bah c’est comme ça ici, au pays. » Et si ils te disent, si tu veux pas tu dis non.
Tu dis non directement. Faut pas rigoler avec ça parce que c’est en gros ils vont le prendre pour une réalité.
C’est toujours moi qui avait la cote.
Je sais pas pourquoi, mais quand on traînait en bande et que des fois on allait dans des boums l’après midi,
dès qu’on arrivait bah c’était moi qui… Et le pire c’est que je parlais pas forcément !
C’est que… Je sais pas. Je ramenais peut-être une aura qui faisait que
les meufs elles disaient: »Ah, té-ma lui là-bas. » Alors que les autre, ils venaient en mode
sucette dans la bouche, bave qui tombe, ils s’en foutaient donc voilà… Comme je dis, une équipe de
mon équipe de bras cassés. C’est-à-dire en mode zoulou. C’est vraiment:
» On vient là pour voir si y’a des chips,
si y’a des gâteaux, si y’a moyen de gratter un truc tu vois. C’était pas dans l’optique de se dire:
» Ah, va y avoir des meufs ou un truc. » C’était vraiment venir…
C’est l’après midi. On est entre potes. Y’a à manger, à boire et voilà. Alors que nous nan. Nous avec mon frère,
on est en mode: »Ah ouais j’espère qu’il va y avoir de la meuf…
Est-ce-que elle sera là? » Et puis tu sondais un peu des copines avant que
l’après midi elle commence. Avant que la boum elle commence. Et dès que tu arrivais, voilà…
Tu te mettais au max,
avec les moyens qu’on avait parce que à cette époque-là, c’était pas comme aujourd’hui où
tu pouvais aller choisir ta sap en magasins et te poser et tout…
C’était vraiment avec ce qu’on avait à la maison, notre meilleure sap…Même si elle est pas terrible puisque là j’ai revu des photos…
Tu m’aurais vue avant donc une petite paire de bateaux même si elle était trouée, rien…On va cacher le truc.
Y’a pas de problème mais faut qu’on soit au max.
À ce moment là, quand je rentre du Mali, je vais pas plus m’intéresser aux filles mais je vais avoir une vision différente.
Je vais avoir une vision différente parce que moi, dans ma vision,
là je me dis réellement : »Ah ouais, d’accord. »
Là je me dis… Je commence à me projeter et à me dire que y’a cette possibilité
là et y’a ce devoir quelque part de… De se marier,
d’avoir des enfants etc etc… Alors que moi je t’avoue, c’était dragon ball z olive et tom, hein…
Parce que voilà on était tous dans une matrice, où on se disait :
»Pas de meuf, rien… » En mode cité… Et moi je me suis dit: »Mais pourquoi je vais faire comme les autres? »
Moi je kiffe les meufs.
donc c’est peut-être ça qui a fait la différence,
Après voilà on s’est dit:
»Voilà ça m’intéresse. » Les meufs j’ai kiffé.Très jeune.
Eux ça faisait un moment qu’ils parlaient des filles etc etc. Donc après à un moment donné tu rentres chez toi et tu dis:
»Bon. Je crois que c’est le moment. Faut que je me lance. » Le premier rapport à l’amour c’était ultra
compliqué parce que bah, on fait comment? On dit quoi?
Est-ce qu’on peut rigoler avec lui comme je peux rigoler que mes frères? Est ce que voilà est-ce que…
C’était quand même assez difficile parce qu’on se disait: » Mais comment
comment on va faire? Comment je vais faire? Qu’est ce que je vais lui dire?
Est-ce-qu’il faut s’approcher ? Pas trop?
Voilà… Jusqu’où on va ? C’est quoi la limite ? Comment il faut parler?
Enfin voila c’est des questions qu’on
se posait quoi…
Ma soeur est venue me parler. Elle m’a dit: »Il ya une copine à moi, elle te trouve trop mignon. » Et comme par hasard c’est elle que je
kiffais. Jje me suis dit : »Ah ouais. » Et puis j’avais honte au début j’étais…
Je regardais très timide, pas sûr de moi…
Et elle est venue vers moi. On a commencé à parler donc moi j’ai kiffé. Et le premier jour, pas de bisou, rien.
Je suis rentré chez moi. Il y avait ma soeur. Elle me dit: »Alors??? Ça s’est passé comment? »
Je dis : »On s’est retrouvés tous les deux mais ya rien eu… »
Et le lendemain ben en fait il ya ma soeur qui m’a pris par la main
et qui m’as dit : »Allez hop! » Et je suis parti et je l ‘ai embrassé avec la langue.
Et après ce jour là je suis revenu et j’ai dit : »Beurk, dégueulasse! » Et je me rappellerai toujours ça, c’était…
Voilà… C’était vraiment une expérience. Je me suis dit: »Ah nan c’est pas c’est pas terrible. » Premier petit copain…Un
français.
Nicolas de son prénom.
Donc on s’est rencontrés au collège. Donc échange de petits mots etc… C’est lui qui est venu vers moi, bien évidemment.
Nan je plaisante. Ou pas. Et donc,
voilà… On a commencé à se donner des rendez-vous. Alors on se voyait à la bibliothèque,
genre: »On va lire des livres. » C’est un coin où je venais
squatter avec des copines, des copains, après l’école. Puis c’est un coin un petit peu isolé donc
tout le monde ne vient pas forcément
ici. Chaque personne a son petit coin ou son petit lieu… Et nous on se retrouvait voilà sur ces marches-là.
en train soit de discuter ou si on avait un flirt ça nous arrivait d’être là. Donc on était au calme on discute et voilà on
rigolait de tout et de rien.
Puis après le
Premier bisou. C’était bizarre!
C’est bizarre de toucher quelqu’un comme ça avec cette partie-là de ton corps.
C’était étrange, c’était étrange. C’était intense.
là j’ai ressenti le truc. Le truc qui…
Le…
C’était plus un baiser, c’était, c’était ses mains qui traversaient le long de ma nuque. C’était un tout quoi. C’était chaud froid
électrique c’était
C’était un tout en fait. C’était vraiment une explosion en fait. C’était comme un…Comme une symphonie dans mon corps…
C’était absolument fabuleux. J’ai des potes qui sont bien bien plus loin dans la relation avec
la fille… Moi je suis en mode bébé et où t’es là tu commences à bouger un peu dans tous les sens et tout etc.
Et tu fais ton premier bisou. Et là après tes potes ils sont tous derrière.
Au moment où tu te retournes tu vois qu’ils sont derrière le mur. »Waaaaahh il l’a fait, il a fait un bisou!!! »
Voilà c’est
bien marrant et tout et toi: »Arrêtes! Poussez-vous » Mais en fait t’es trop content qu’ils aient vu.
»Vous avez vu les gars? Je suis pas un mytho hein? » Je suis parti voir mes gars
je dis : »Ça y est j l’ai embrassé c’est ma meuf. » Et puis à l’époque on parlait »C’est ma femme. »
En étant fier, en se disant : » Voilà c’est ma femme. » Tu vois?
Et eux bah ils l’ont pas pris sur ce ton-là. Comme ils l’avait pas fait et qu’ils étaient en retrait : »Mais nan t’es un clochard et tout… »
»Tu vas voir, elle va te bolosser… »
»Tu vas devoir te balader. En plus t’es en train de te pavaner avec elle partout… »
»T’as pas honte ? T’es un bonhomme t’es une kaïra. Tu peux pas. » Voilà c’était la mentalité de
…De vraiment cité. Voilà c’était vraiment en cité…
C’est : Gars…
Kaïra, et entre nous… Pour moi j’étais le boss.
Par rapport à eux j’ai dis: »Moi j’ai ma meuf, vous êtes entre vous. C’est vous les clochards! »
En 5e, ça a commencé, les amourettes. Moi non parce que je trouvais aucune fille attirante ou…
aucune fille à mon goût. Je regardais plus les garçons. Je me posais beaucoup de questions en fait.
C’était vraiment… La 5e c’était l’année où je me suis…. La 5e et la première quatrième c’est là où je me suis posé le plus
de questions.
»Pourquoi moi ? Pourquoi je regarde des garçons?
Je suis pas normal. » Je savais pas encore ce que ça voulait dire »être homosexuel ». J’étais encore un peu jeune je pense.
Mais
je me posais beaucoup de beaucoup de questions que je pense que d’autres garçons ne se posaient pas.
Et le problème, c’est que je me les suis posé tout seul.
C’était lors d’un cours d’arts plastiques en fait . On avait un projet à rendre et j’explique mon dessin.
J’avais fait une petite pièce par rapport au respect. Y’avait le drapeau lgbt, il y avait les gamètes mâle mâle, femelle femelle…
Y’avait un transgenre et compagnie en fait et…
Donc voila quoi… En fait on m’avait demandé pourquoi j’avais choisi
ce sujet. J’ai dit : »Parce que c’est un sujet qui me tenait vraiment à coeur, un sujet auquel je m’intéressais beaucoup. »
Je pense que c’est vraiment là où j’ai vraiment fait mon coming out.
Ça s’est un peu fait comme une traînée de poudre en fait…
Au bout d’une heure et demie tout le collège le savais que j’étais… Que y’avait un homo dans le collège. J’étais
devenu phénomène de foire pour certaines personnes…
Donc par sécurité en fait, j’ai pris la décision de changer un peu de chemin même si
…de chemin pour aller en cours même si ça me faisait
dix ou vingt minutes en plus le matin ou le soir en revenant…De plus passer par le boulevard de la liberté parce que c’était un
endroit qui me faisait très très peur… Pour ma sécurité personnelle, je prenais des petits accès que personne ne prenait en fait
et pour rentrer chez moi de manière tranquille et reposée. Pas
avec une peur ou avec une boule au ventre quand je passais marcher la tête baissée.
Je voulais plus marcher tête baissée. Je voulais marcher la tête haute quitte à prendre des chemins de traverse.
Même en cité,
malgré toute l’arrogance et tout ce qu’il y a, il y a des mecs. Il y a des homosexuels… Mais qui
qui le cachent. Des fois j’en croise comme ça, des gars…
De la cité qui sont un peu touts seuls il me parlent. Même des fois il y en a qui me draguent un peu.
Mais c’est assez drôle hein parce que tu les vois, ils font les marioles entre eux avec leurs potes.
Tu les vois à Lille dans les boîtes ils te supplient déjà pour que tu les fasses rentrer. Puis une fois dedans,
ils sont pas farouches pour deux ronds, comme je dis.
Il y a pas très longtemps en fait je prenais le bus à Denain donc la cité, où ils sont aussi au courant
du coup,
» T’as pas changé ? T’es pas devenu hétéro ? »
Entre temps, on sait jamais, il m’est arrivé une chose…
…Une météorite qui m’est tombée dessus, je sais pas… »Non non, je suis pas devenu hétéro, je suis toujours gai, je suis heureux, je le vis bien. »
Et ça les choque que je dise que je le vis bien, parce que pour eux je devrais mal le vivre.
Une fois j’étais dans le bus au fond avec mes copines, et
ma mère était devant. C’est les bus accordéon en fait, très très grands là… Et
d’un coup j’ai un gars de mon quartier, donc que je connaissais, avec lequel j’ai grandi, un voisin en fait hein,
qui monte dans le bus, qui me salue, et qui vient me faire la bise.
La bise j’ai dit! La bise. Ma mère de loin et tout, direct elle a vu et tout… Zoom sur la situation…
Elle est intervenue comme ça et tout… Je l’ai vu arriver c’était…
le drame. Elle est arrivée et tout. Elle a pété son scandale.
Elle m’a giflé devant tout le monde… Et voilà, sans mot dire hein mais voilà… Ça voulait bien dire:
»T’as dépassé les limites avec une bise. »
Mais voilà c’était sanctionné sur le coup, devant tout le monde, on s’en fiche…
Voilà… C’était pour moi en tous les cas la honte de ma vie.
Comme beaucoup de familles, on n’a pas
reçu d’affection… Pas de mots doux voilà… Dans notre éducation c’était à la dure… Donc
Pour retransmettre ça derrière,
Bah tu fais comment ? Bah tu fais comme dans les séries que tu vois à la télé… Du moins t’essayes quoi.
C’était un petit peu comme ça… Donc on
reproduisait un petit peu… On essayait de reproduire ce qu’on voyait à la télé on trouvait ça étrange
puisque ben… N’ayant pas reçu ça bah comment on fait? Comment on fait? À nos parents, on n’en parle pas!
Parce que c’est un manque de respect si on parle d’amour, on parle de sexe.
Tu parles pas de sexe avec tes parents.On parlait pas du tout de…
d’amour chez moi, non pas du tout du tout… Sujet tabou.
Non on n’en parlait pas. C’était
trop gênant. T’es là tu parles à ta mère,
y’a une scène olé à la télé et tout non. Toujours y en avait un qui zappait ou
ou
moi même j’attrapais la télécommande et tout, pour vite mettre un terme à cette situation gênante. Donc
non impossible. Impossible. T’avais le regard de la mère,
comme ça : »Changes. »
Si y’avait une scène d’amour à la télé, moi je me souviens que chez moi on n’a jamais changé de chaîne.
Enfin… La scène elle passait et puis c’est terminé et plus personne s’attardait spécialement dessus. Par contre j’ai le souvenir que quand y’avait ces scènes là,
chez mes amis…
Ouais… Soit on changeait la chaîne discrètement, soit bah tout le monde tournait le regard mais on laissait pas ça passer comme ça.
Il y avait cette différence là, ouais.
Ouais ma mère moi je lui ai toujours tout raconter.
On parlait pas non plus de ça H24 mais y’avait pas de sujet tabou au niveau de l’amour. Si j’avais besoin de me
confier à ma mère, j’y allais, elle me donnait des conseils et puis et puis basta quoi.
Avouer à sa copine qu’un garçon nous plaît ou des choses comme ça, c’est gênant, c’est
voilà… Encore une fois c’est un sujet qui était tabou. Les
relations là, tout ça…On n’en parlait pas. Donc on vivait nos trucs entre nous, ou alors on en parlait à certaines copines
pour qui c’était
facile de parler de ces choses là, qui elles mêmes dans leurs familles parlaient de: » j’ai un amoureux etc » avec leurs parents etc.
Donc on parlait de ça avec elles. Mais avec mon cercle d’amis à moi proche,
bah avec le même système… La pudeur, le tabou etc. Non, on n’en parlait pas.
Dans ma cité, même des gars qui je suis tous les jours,
ils parlent jamais au téléphone devant moi. Limite pour envoyer des textos,
ça se cache.
Quand tu demandes à qui t’envoies un texto : »Ouais j’envoie un texto à Moussah là, il est derrière il devait venir. »
Alors qu’il envoyait un gros message de canard:
»Bébé je ne peux pas te parler parce que pour l’instant il ya du boulot ici. »Mais frère! Parles sincèrement ! Pourquoi tu…
C’est ça qui me rend fou! Alors devant nous, ça va faire : »Alo, ouais? Qu’est ce que tu veux ? Vas-y j’ai pas le temps. »
Et puis 30 secondes, il va derrière, un: »Bébé pardonne moi, j’avais vraiment pas fait exprès parce qu’il y avait du monde ou mes parents. »
Tu vois, c’est vraiment un truc
qui…
C’est trop ! Il ya un contraste de fou ! Et ce que je me dis c’est que,
cette attitude là, c’est nous-mêmes en fait qui l’avons
qui l’avons imposé, parce qu’on parle jamais d’amour. Alors que moi,
je réponds devant tout le monde : »Oui allô mon bébé d’amour? Ça va ouais. » Moi j’ai pas honte.
Aucune honte. Alors nous entre filles, on se fait même pas la bise.
C’est berk ! C’est même pas possible. On se se serre la main ! C’est quand même…C’est quand même grave!
Mais bon…C’était comme ça… On se checkait comme on dit quoi. On a des gestes affectueux,
on sent qu’il ya de l’amour, mais on n’est pas non plus
démonstratifs au point de se prendre dans les bras toutes les cinq minutes, de se dire je t’aime toutes les deux minutes, voilà.
Il ya de l’amour. Ça se sent. Même des gens
extérieurs, si ils viennent chez moi ils vont sentir qu’il ya de l’amour mais on est quand même assez
réservés. Je crois que j’ai touché ma mère peut-être trois fois dans ma vie, et encore!
Voilà… Dans des circonstances un peu dramatiques.
Non non non. Ma mère elle me touche pas, on se dit pas…On se dit bonjour,
mais on se fait pas la bise,
on se touche pas,
rien, non. Moi j’ai jamais vu mon père, quand il rentrait de la maison : » Salut ma chérie. » Non…jamais…
Il a jamais appelé ma mère: » ma chérie » ou je sais pas quoi…
Voilà. C’est pas des choses qu’on a pu voir et pourtant elle est là l’amour. Ça veut dire que
mes parents
bah pour vivre aussi longtemps ensemble
si c’est pas l’amour c’est quoi? Sinon c’est compliqué… Et donc elle est très présente mais elle est
elle n’est pas visuelle. Je pense qu’elle est.. Elle est marquée par les actes. En fait j’ai été hospitalisée deux fois…enfin…
Deux fois dans ma vie notamment. Et elle a eu, et je m’en rappellerai, je crois, jusqu’à la fin de ma vie,
un geste affectueux. Elle a mis sa main une fois ici.
Wahou !!!
Et une autre fois, elle m’a tendu un mouchoir parce que j’étais en train de pleurer. Donc m’a tendu un mouchoir et elle m’a fait comme ça.
Voilà. Wahou!!
Ça m’a fait trop bizarre. Moi aujourd’hui je saurais pas te dire si ma mère a la peau douce ou pas, ou quoi…
Je saurais pas te dire. Mais moi ça m’a fait bizarre quoi.
Je me suis un peu recroquevillée quoi.
Main dans la main quand même…Là quand même,
il ya la limite du respectable hein parce que là quand même, main dans la main, quand même. C’est des stories bizarres hein…
Là je peux me faire terminer salement par mes négros! Il ya des limites ! Je veux bien parler au téléphone, dire: »Ouais, mon bébé. », tout ça…
Mais main dans la main, je me tire une balle de kalachnikov dans le dos le tibia ! J’adhère à beaucoup de choses,
j’accepte beaucoup de choses.
Main dans la main, quand même…
À un certain âge et même,
Beverly Hills tout ça… C’est déjà passé les Melrose place, tout ça on a regardé ces bails là…
C’est filmé, ils ont pas honte?
Tant mieux pour eux. Mais ils sont pas en cité!
Ils sont pas en cité!
Faut pas faire des trucs comme ça. Là, c’est un attentat ! Ah bah limite, quand tu tiens la main
à une meuf en cité, attentat à la pudeur.
J’étais dans une passe où je n’acceptais pas trop en fait et puis ça…
Ça a commencé comme ça. J’ai complètement fondu pour ce mec. Et puis
il a fondu pour moi et au bout du deuxième rendez-vous,
il me dit: »Ah, ça te dirait de me rejoindre dans un bar? » et tout… Il me présente à ses potes : » Voilà mon mec. »
Ok bon, j’étais pas au courant. C’était l’anniversaire du copain de ma copine,
et j’ai rencontré son frère à cette soirée et tout de suite le courant est passé.
On s’est mis ensemble assez rapidement.
Et,
et en fait on a rompu tout aussi rapidement parce que,
pour lui,
sa copine doit pas sortir. Sa copine doit pas
traîner. Sa copine doit pas… Et moi tout ça je…
J’aimais pas ça. Donc j’ai préféré arrêter directement, parce que ça me faisait trop rappeler ma première histoire d’amour, où je me sentais toujours
prisonnière
avec des barrières. Faut pas faire si faut pas faire ça… Non. Je veux dire…
On est tous des êtres humains! C’est pas parce que toi t’es un homme que t’as le droit de faire des choses et que
moi je suis une femme je restais là. Non. Moi je suis pas dans cette optique-là. Du coup on a préféré arrêter là. Et…
On est toujours restés plus ou moins en contact. Et du coup il ya quelques
mois, on va dire,
on s’est revus, et on s’est remis ensemble. Malgré le fait qu’elle
elle vienne pas de la région,
qu’elle soit pas noire, qu’elle soit pas…
On n’a rien… On a aucun point en commun de base comme ça,
d’apparence… On n’a aucun point en commun. Je savais que l’histoire elle était vouée à l’échec,
mais je voulais pas me l’avouer. Lui le savait aussi.
On a continué un bon bout de temps comme ça, parce qu’on s’aimait réellement,
mais lui au bout d’un moment, il a préféré
il a eu la force de me dire : »Écoute Julie, on va droit dans le mur. L’histoire elle mène à rien,
t’es pas
enfin… Je tiens à toi énormément mais on n’a pas la même optique de vie. Toi ta vie c’est
sortir sortir sortir. Moi c’est pas ça. »
Après je sais que sortir c’est pas tout. Tu vas pas faire ça toute ta vie.
Mais j’estime que je suis encore jeune, que je suis encore…
Voilà ! J’ai envie de profiter de la vie. J’ai envie de faire des choses. Et ce qu’il me reproche, je peux rien dire parce que
c’est sa conception à lui de la vie. Mais il m’a
il a préféré qu’on arrête, on a arrêté. Et après plus on discute ensemble plus on travaille ensemble, je vois qu’on a pleins de valeurs
qui sont très proches…
Des façons de penser qui sont les mêmes etc. Et puis on est là et puis à un moment donné, je
me dis: »Non. Elle est top, elle. » Et là je me dis: »Bon
faut pas laisser passer là ! »Donc voilà… J’ai déjà, tac tac… Ouais je crois que j’ai 23,
je crois que j’ai 23.
Là à ce moment-là on se dit: »Bon.
On est grands là, c’est le moment. » Après toujours dans l’idée, tu te dis:
»Mais elle est pas noire ! Comment je vais faire ? » Et y’avait aussi le fait que je sois pas moi de…Lui il était de
confession musulmane,
et lui ils se disait… Sa famille…
Il sait très bien que sa famille n’aurait jamais accepté une blanche et en plus de confession non-musulmane.
Contrairement à ce qu’énormément de gens pensent,
dans la religion musulmane,
il est permis de se marier avec des gens du livre.
Donc de la religion chrétienne et de la région juive. Donc ça veut dire que,
c’est quelque chose d’autorisé. Au jour d’aujourd’hui on est en bons termes, on s’ait au téléphone,
minimum une fois par semaine. On prend des nouvelles et puis voilà. Mais c’est vrai que dès qu’on se voit,
ça nous chamboule un peu tous les deux. Étant donné qu’on est vachement attachés l’un à l’autre. Mais donc voilà… Ça c’est une histoire aussi qui
m’a vachement marqué.
J’ai toujours été attirée par les blacks. Pourquoi? Je sais pas.
Est-ce-que c’est parce que j’ai grandi dans ça?
Je pense pas, parce-que mes soeurs elles ont été élevés dans le même quartier que moi et elles sont avec des blancs.
Donc je ne sais pas. C’est une attirance physique…
Comment l’expliquer? Franchement je ne pourrais pas quoi. Mais j’ai jamais été attirée par un blanc, par un chinois, par un arabe. Non, jamais.
Les différentes communautés s’entendent bien, tant qu’il n’y a pas de mélanges. Mais à partir du moment où les enfants décident de…
d’épouser ou de fréquenter
quelqu’un qui est d’une autre communauté ou de se marier ou autres quoi, là ça commence à
déranger un petit peu, et à être mal vu
voilà. La fille de tel qui s’est mis avec un black quoi, je veux dire l’algérienne qui s’est mis avec un black ça plaît pas
beaucoup.
Ou inversement… C’est les histoires de de quartier quoi.
Je pense qu’il y en a beaucoup qui sont confrontés à ça et qui connaissent. C’était ma banquière. On a commencé à parler. On a sympathisé.
J’ai sorti des armes lourdes !
Parce que c’était compliqué pour moi…C’était un combat très difficile à mener. Parce que je me suis dit…
Je l’ai pris comme un game.
Mais dans le game des fois, tu sais que même si tu as confiance en toi de toutes ses forces, mais j’ai dit : »Je vais me
mettre à 100 % »
Alors je me suis fait recalquer au début, fort! J’ai commencé par mail, parce que c’était ma banquière donc je lui envoyais des mails.
»Désolé, c’est professionnel. Ce que vous me demandez, c’est pas possible. »
Alors un jour j’ai pris rendez vous, et je suis parti sur place.
Je suis arrivé en mode vraiment street,
cité. Et en fait quand je suis arrivé,
je me suis posé. Et comme je dis on pose ses cojones sur la table, on parle. Donc j’ai commencé à parler fort.
On a parlé. J’ai dit: »Bon, voilà…
moi tant que j’ai pas mon verre je quitte pas le bureau. »
Elle m’a dit: »Mais attends, comment comment ça ? C’est pas possible, nanani… »
»En plus un re-noi qui vient dans mon bureau, qui me dit ça, mais il est complètement fou. »
On a commencé à parler. J’ai commencé à la faire rire, on a commencé à blaguer.
Des vannes un peu sur elle… Une heure et demie je suis resté avec elle ans le bureau, alors qu’elle avait des rendez vous.
Et après ça a créé un petit truc. J’ai eu mon verre et j’ai continué à la faire rire.
Délirer, des vannes et tout. Et petit à petit,
j’ai vu qu’elle commençait à à s’attacher,
puisque j’appelais sans arrêt au téléphone. Et du jour au lendemain j’ai arrêté d’appeler. J’ai dit: »Vas-y j’appelle plus maintenant on va voir. »
J’ai reçu un petit texto:
»Tu m’appelles pas? Qu’est ce qui se passe? J’espère que tu vas bien. » On connaît ces messages mitos!
Tu dis seulement: »Tu m’a pas appelé ! Je suis comme une geu-din. » Ça se trouve elle était en train de s’arracher les cheveux chez elle,
à se dire: »Il m’a pas appelé! » Mais elle voulait pas me le montrer. Mais moi je savais déjà, j’étais piqué: »Ça y est, c’es fini. »
Piqûre ancestrale ici juste là sur la veine là, c’est fatal, pah… Tu tombes. Mon premier amour
bah c’est mon mari en fait. Donc je l’ai rencontré là où je bossais le week-end, et…
Et en fait au début, vu que c’est un français, je pensais que ça serait juste un petit flirt de deux trois mois et que
ça serait sans suite. On a passé du temps ensemble, on a appris à se connaître,
voilà, et puis, de fil en aiguille,
ça commencait à construire quelque chose de solide. On s’est mis ensemble.
Tout s’est bien passé. Et puis voilà…
Les parents…
Ça allait de mon côté. Du côté de sa mère c’était un peu compliqué…Le frère, c’est compliqué.
Et voilà on s’est mis en ménage, on s’est mariés. On a fait un mariage religieux.
Ça s’est très bien passé. Et puis il ya le conflit qui arrive tout le temps… Je suis un re-noi.
Je rentrais chez moi calmement.
Et ses frères sont arrivés et m’attendaient en bas. »Re-noi, viens je veux te parler. »
»Comment ça re-noi? J’ai un prénom! »
Et au début je me suis dit: »Bon je vais monter les courses. » Mais en fait en redescendant, en fermant le coffre de la voiture,
je repars pour entrer dans le bâtiment et j’ai vu
y’en a deux qui se sont mis devant moi:
»Tu passes pas. » »Comment ça je passe pas? » Et après je me suis pris une rafale de patates.
Le temps que je commence à démarrer, j’ai commencé à démarrer. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, tu peux plus rien faire.
Ils m’ont…foudroyé
et après en fait j’avais la bouche au sol.
American history x.
Écrasement de bouche total. K.O sur place.
J’étais dans le noir total.
Personne. Rien.
Pas de conscience. Que dalle. Une boîte noire.
Et,
je me suis réveillé à l’hôpital quatre jours après,
elle n’a pas daigné de venir me voir…
Même pas un truc où on ose dire: » Ouais bon ben voilà c’est les événements qui ont fait que… »
Le temps est passé et j’aurais pu avoir la rage,
contre les rebeus, me dire: »Ouais bon ben vas-y ça m’est arrivé ça, ils sont tous comme ça. » Mais j’ai jamais stigmatisé ou
mettre tout le monde dans le même panier.
Donc le temps est passé, voilà… Ça m’a rendu plus fort. Ce qui ne tue pas rend plus fort.
Moi je reste le même, ma ligne de conduite,
Trésor. J’ai confiance en moi. Ça bouge pas. Elle est partie. Il y en aura d’autres. Des mieux qu’elle.
J’ai rencontré des meufs mieux qu’elle et voilà je me dis que c’est la vie.
Très très tôt on a vu que ça allait être sérieux entre nous. Très très tôt je lui dis:
»Est-ce-que tu es prête? Attention! » Et moi dans mon idée je me dis que ça va pas être facile
des deux côtés.
Je me dis: »Ça va être difficile aussi avec avec sa famille ses parents etc etc. » Donc
ouais, dès le départ, je me dis que ça va être compliqué.
Mais pour autant, je me dis qu’elle en vaut la peine. Mes parents bon ils avaient pas de gros discours mais je
les entendais dire, oui, qu’ils préféreraient que je sois avec un algérien de tel secteur,
ou que mon autre frère se mette avec une algérienne de tel secteur.
et là je me disais: »Oh la la, ça passera jamais » Donc j’en parle à ma soeur, pour que ma soeur en parle à ma mère
et là rendez vous avec ma mère. Et donc là je dis à ma mère:
« Voilà et tout, j’ai rencontré une fille elle est bien » Et tout, nanani nanana, etc.
Et je finis ! Parce que d’abord tu dis tous les bons côtés, et après tu tu vas là où ça va peut-être bloquer. Et tu dis:
»Oui mais c’est pas une malienne. »
Et là il y a ta mère qui te regarde et tout.
»Laisse tomber maintenant.
C’est le début. Laisse tomber maintenant après tu vas avoir des problèmes. » La rupture
donc, s’est faite peu de temps après le mariage de mon frère et de ma soeur. Bon j’avais des petites embrouilles,
sans importance on va dire.
Et
du coup, je me suis dit: » Bon, je vais profiter de ces petites embrouilles, ces petites galères pour mettre un terme à l’histoire. », parce que je
pensais que ça passerait pas du tout chez moi.
Et puis en plus j’étais plus jeune, donc je me dis : » C’est facile d’oublier on peut rencontrer plus facilement quelqu’un. » Et puis
les rencontres que je me fixais, ça serait voilà… Un
Un maghrébin comme moi pour éviter des complications.
Je rencontre un mec d’origine algérienne aussi comme moi, et ça se passe pas super avec lui. Et je me dis ben…
C’est pas parce que voilà il est
il est de mes origines ou quoi, que forcément ça sera mieux quoi.
Donc du coup bah il ya eu rupture et puis voilà quoi je me suis pas attardée.
Et après petit à petit, j’ai revu
Mathieu et
c’est là qu’on a commencé. Bon,
quand même, pas mal de temps après, mais qu’on a commencé à renouer des liens, et à se remettre ensemble.
À chaque fois que je commence à m’attacher, c’est ben: »Je suis dans la merde. »
J’appelle mes copines: » Oui je suis dans la merde. » »Ah… » Puis l’autre derrière: »Ah… » Ça veut tout dire!
Elle sait! Je suis dans la merde.
C’est… C’est grave oui parce que c’est… T’es là, t’es vulnérable.
Oui c’est être faible que d’être amoureux parce que tu es à la merci de quelqu’un.
C’est risqué. Encore une fois voilà, si ça fonctionne bien bah tu vis ta vie, tu es heureux,
mais toujours un peu sur tes gardes quand même…Quand même sur tes gardes.
Et si ça se passe mal ben voilà : »Comment je vais m’en sortir?
Bravo! Fallait pas commencer. »
»Je suis encore plus dans la merde. » Mais là la vrai quoi…
C’était à table. On avait une discussion parce que je sais plus, y’avait un truc à la télé, sur…
Je crois que c’était sur la gay pride en fait.
À mon père : » En fait, je suis gay. »
»J’aurais préféré que tu sois zoophile que gay quoi. »
Je l’ai un peu mal pris, on s’est un peu pris le bourichon. Ça pas été jusqu’à ce qu’on se tape dessus…
Presque mais bon ça allait… Et je suis parti de moi-même et puis ça en fait deux semaines après c’est lui qui m’a appelé qui
m’a dit: »Rentres faut qu’on parle. » Il m’a dit »C’est pas grave, ça te passera. »
Mais on n’en parle pas.
Je pense que c’était clair comme ça…Fallait pas qu’on en parle.
Mais ils le savent au fond d’eux.
On est à Douchy-lès-Mines, c’est une petite ville, tout se sait assez rapidement.
Si je le dit à mes parents c’est que je l’ai dit à quelqu’un d’autre avant.
Et donc c’est que les gens le savent. Et avoir un site gay c’est
c’est comme avoir
c’est comme c’est quand même c’est comme chez nous à avoir une fille pas vierge, qu’on va donner en mariage pas vierge. C’est la h’chouma, c’est la honte quoi c’est
pas bien il faut pas en parler. Un an et demi deux ans plus tard qu’on se soit remis ensemble
Mais
je me suis dit: »bon il serait quand même
le temps passe et il serait quand même temps que je commence à essayer de construire quelque chose quoi donc
à essayer d’avancer et de voir si mes parents
pourrait l’accepter ou quoi. » Donc j’en avais parlé à ma soeur puisqu’elle savait que j’étais avec lui
et ma soeur me dit : »Écoutes Farah te prends pas la tête
tu va en parler, on va en parler à
Momo et puis lui
elle me dit »Écoutes il est cool ». Je lui dit »Ouais mais j’ai quand même peur. »
voilà…. Mon grand frère m’impressionne quand même quoi donc j’avais quand même un peu peur de ce qu’il pouvait me dire ou quoi…
Donc elle s’est chargée de faire les choses pour moi et il
se préoccupait pas de…voilà… qu’il était content pour moi tant que j’étais heureuse
et qu’ il en parlera lui à papa. En discutant avec eux avec un de mes oncles
qui lui m’explique que de toute façon normalement ça se passe pas comme ça.
On va voir les oncles et les oncles vont parler au père même quand c’est pour une malienne
du village et eau etc etc
je dis »’ah ok! » donc je vais voir cet oncle. je dis »moi c’est bon alors on va parler »
et là mon oncle il me dit: »oui mais là non »
là c’est pas possible là je peux pas aller parler. Enfin déjà d’une, t’as tué
le joker et de deux balles et blanche »ah bon ! Ah…. »’
Mon père était quand même un peu étonné parce qu’il pensait que c’était le mec de ma copine
et ça c’est assez rigolo donc
il
donc il a attendu que ma mère arrive pour lui annoncer le truc comme quoi
Mathieu va venir à la maison demander la main à Farah. Ma mère au bout d’un moment est convaincue, mes soeurs aussi
voilà au bout d’un moment
que je reste longtemps parce que je retarde l’échéance, retarde l’échéance, pour aller voir
le papa, c’est un peu le boss le boss dans street fighter. C’est à la fin quoi tu vas le voir et
mon père est assis dans le salon comme je pense 60 ou 90 % des papas africains. Il a sa place dans le salon.
Donc
il est dans le salon. Je viens.
ma mère est curieuse de savoir ce qui se passe donc elle fait des allers retours mais sans vraiment rentrer et rester avec nous
donc j »y vais à un moment où il est tout seul
j’essaie d’esquiver le moment où il regarde ORTM parce que c’est le moment phare. Donc j’essaye d’y aller au bon moment. Et t’arrives…
et après au bout d’un moment t’y vas au feeling quoi
ouais bah je vais…c’est… À ce moment là je lui explique que:
‘Voilà j’ai un certain âge papa, voilà j’aimerais bien me marier papa. J’aimerais bien
vivre avec quelqu’un et j’ai rencontré quelqu’un etc. »
Et puis mon père, normal: « non. »
Il me dit: »il est mieux pour toi mon fils que tu prennes une femme du pays. »
»Pays »’, c’est quoi? De son pays ou du mien?
À ce moment-là je me dis: » Mais est ce que mon père n’a pas raison? Est ce qu’il faut pas aller chercher une
semblable, est ce qu’il faut pas
l’écouter? Est-ce que… ». Donc j’en discute avec
un imam etc etc et au bout d’un moment
voilà on essaie de tenter des approches.
pour en discuter avec avec mon père. Puis après au bout d’un moment
on pose la date un jour, et puis on fait le mariage. Et après les deux trois semaines après, mon père apprend que
je me suis marié. Donc Mathieu a fini par parler avec mon père, demander ma main et tout…
Et mon père…Voilà… Je pensais qu’il…
J’imaginais pas qu’il serait en fait plus cool que ça quoi… Je pensais que ce serait plus difficile et tout.
Et en fait bon bah il a accepté.
Moi j’étais un petit peu cachée
dans l’appart chez mes parents, un peu inquiète. Donc quand il y a mon père qui m’appelle et qui me dit : « ‘Farah viens voir »
Alors je dis: »Oui papa, j’arrive. »
Donc je viens et tout. »Tu es sûre de ce que tu veux? » Tout ça…
»T’es sûre que tu veux te marier avec lui? »
« Oui papa ».
Hé ben écoutes il me dit »ok ». Après il ya les parents qui eux ont vécu entre eux:
Au bled, en Algérie où je sais pas où ils ont vécu entre eux
donc on peut comprendre leur mentalité. Quand ils arrivent quelque part et qu’on essaye de les mélanger ils sont pas habitués.
Mais nous, quelle excuse on a?
On n’a pas d’ excuses.
On a grandi ensemble.
Pourquoi se passer d’une personne qu’on pense être la personne de notre vie, qu’on pense que cette personne peut nous apporter ou qu’on peut s’apporter mutuellement?
Parce que
nos parents ne sont pas forcément d’accord?
J’ai un énorme respect pour mes parents. Énorme respect. Je voue vraiment un énorme respect quoi qu’il arrive même au jour d’aujourd’hui.
Mon père veut me dire tout et n’importe quoi, je serais toujours avec lui toujours pour lui toujours. Mais
je pense que mon père là dessus
ne voit pas les choses de la même manière parce qu’il n’a pas vécu à cet endroit
Si il était né ici, mon père aurait compris.
Mais il n’a il n’a pas cette perception des choses. Et je pense que c’est quelque chose qui lui manque,
et je pense que
seul notre expérience à nous pourra lui permettre de de lui même se dire: »Ah peut-être que j’ai eu tort. »
J’ai commencé à reproduire ce que ma mère
a fait en terme d’éducation donc très froide et cetera…
Bon, c’est un petit bébé dont tu lui fais des bisous machin tu dis dans ta tête tu dis »bon c’est un bébé elle s’en
rappellera pas,. je lui ai fait plein de bisous » Et tout ça…
»Mais une fois qu’elle va comprendre je vais arrêter les bisous »’, et tout. Moi j’étais dans ce mode là en fait. Mais ça avance.
Ça avance parce que je vois beaucoup de…
de gens qui ont fait le forcing et au bout d’un moment les parents ont accepté et aujourd’hui je vois beaucoup d’enfants…
Les parents de mes pote, marcher avec des enfants métisses. Et pour moi c’est très très beau. Tu vois
des parents marcher avec leur belle fille.
Mais c’est ça la force! Pour moi c’est ça la force.
Et ça pour moi
c’est une génération choc mais c’est une génération qui va être super bénéfique.
Alors mon premier »’ma chérie » était un peu comme mon premier »je t’aime là. »
C’était… Franchement c’était wouah ! C’est chelou
et tout, ça fait bizarre de dire ça et tout…Puis finalement tu y prends goût parce que
tu vois que derrière ton enfant quand tu lui donnes de l’affection il est heureux, tu le vois
souriant etc dont tu dis c’est voilà c’est
C’est
c’est comme ça qu’il faut faire. Un jour ma mère m’a dit quelque chose de très fort et m’a dit tu sais mon fils
Un jour ma mère m’a dit quelque chose de très fort et m’a dit: » Tu sais mon fils je sais même pas si moi j’ si je t’avais choisi une femme,
j’aurais pu être te ramener une femme aussi bien que la femme que tu as aujourd’hui. »’
Celle-là je pourrais dire que c’est mon histoire à vie… Une fille super simple, typée un peu
italienne
Voilà
un vrai paquet.
Et en fait on a parlé ensemble
pendant la soirée et tout, et voilà comme j’étais en moto,
j’ai fait un tour de bécane. Elle a kiffé et tout.
Et en fait tout s’est passé très rapidement aussi mais
c’est vraiment…Cette meuf, j’ai senti qu’il
y avait quelque chose. Et là j’ai fait des trucs que j’ai jamais fait auparavant.
Je lui ai ramené des nounours en coeur au travail. J’ai été lui acheter des fleurs que je lui ai donné au travail devant tout le monde.
Elle m’a elle m’a vraiment
marqué. C’est-à-dire qu’elle avait ce truc qui a
allumé quelque chose en moi qui n’existait pas.
J’avais tout pour être heureux, tout. Elle m’a vraiment tout donné.
J’ai déconné.
Y’a mon…
Mes racines
de player de toutes ces conneries là, de toujours vouloir plaire, de toujours vouloir être au max, de…
qui sont remontées à la surface, et au mauvais moment.
Parce que c’était une période où elle était… Où elle m’aimait plus que tout,
et moi ben j’avais besoin de renouveau, de vouloir encore plaire à d’autres, de montrer que j’étais toujours là.
Avec du recul je le dis aujourd’hui j’ai pas assumé le fait de pouvoir aimer,
en fait. Pour moi aimer, c’était inconcevable.
Dans le sens où je pouvais pas me casser la gueule.
J’avais peur de me dire que j’aime quelqu’un, et de me retrouver dans la situation
dans laquelle se retrouve beaucoup de personnes qui ont des chagrins d’amour. Ah nan, c’est hors de question.
Un soir, j’étais avec elle,
et
elle m’a regardé. Je me rappellerais toujours ce jour-là et je sais qu’elle attendait ce soir-là.
C’est venu naturellement. Ça se dit pas aujourd’hui à plein de filles auxquelles je peux dire, je dis » Je t’aime ». Et…
Tu le pense pas. Mais elle ça a été vraiment au fond du…
Au fond du coeur, c’était vraiment pensé, ça a été vraiment euh…
Un moment fort. C’était un soir et
je pense qu’elle attendait vraiment ce moment là quoi.
Elle attendait vraiment…
Et c’est sorti naturellement: »Je t’aime Nathalie. »
Et c’est maintenant avec le temps que je me dis que j’ai un goût d’inachevé mais je n’ai pas de regrets.
Parce que sinon comme j’ai dit, je
regrette tout ce que je suis, et je peux pas regretter ça.
On n’est pas différents des autres! C’est que y’a certaines personnes qui se mettent des barrières en jouant les teubs
En disant moi je m’en fous, nanani nanana, mais tout le monde a un coeur et tout le monde peut aimer et
les mecs de cités, pareil, comme les meufs de cités pareil.
Essayer de faire entendre à certaines personnes, aux mamans aux grands frères ou
aux mecs du quartier aux
compagnons
aux petites soeurs… À tout le monde à peu près, voilà, comment on peut
comment on pourrait améliorer les choses. Ne laissez pas traîner trop longtemps ou à la limite même si pareil vous savez pas si ça
pourra marcher ou pas ça sert à rien de trop faire attendre les choses.
T’inquiète pas ça va aller. Et c’est comme un orage après l’orage, il y aura toujours le soleil.
Elle represente ce que tu attends d’une femme?
Il représente ce que tu attends d’un homme, d’un mari, d’un père etc? Alors vas-y, fonces. /// Transcription: Manon Ribat, Florence Pollet.
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