Une équipe de sociologues dirigée par Jean Kellerhals a mené une enquête sur les relations entre conjoints, auprès de 1 500 couples, mariés ou non. Renouvelée à vingt ans d’intervalle, l’étude montre l’influence croissante des valeurs de liberté individuelle et d’indifférenciation des rôles conjugaux ainsi qu’une diversification des modes de vie à deux. Dans les années 1980, 4 styles de couple se distinguaient ; 5 au début des années 2000.
• Le style « association » (29 % des couples). Ce modèle, le plus répandu, reflète les attentes actuelles d’autonomie individuelle. Les membres sont relativement indépendants l’un de l’autre. Les rôles conjugaux sont égalitaires, peu sexués et négociés au quotidien, selon la disponibilité de chacun. Ce type de couple est peu routinier et ouvert aux influences extérieures (amis, famille élargie, connaissances…).
• Le style « compagnonnage » (24 %). Il repose sur la fusion de ses membres (nombreuses activités communes) et l’ouverture sur l’extérieur (relations amicales et sociales riches et variées). Les rôles conjugaux sont peu différenciés : les deux membres partagent les tâches domestiques et éducatives.
• Le style « parallèle » (17 %). C’est le modèle le plus proche du couple traditionnel qui prévalait jusqu’au début des années 1970. La femme s’occupe du foyer et adapte ses engagements (travail, loisirs) aux contraintes domestiques. L’homme assume les revenus du couple. Routinier, chaque membre évolue indépendamment de l’autre.
• Le style « bastion » (16 %). Forteresse imprenable, ce couple repose sur des rôles conjugaux distincts et hiérarchisés selon le sexe. La femme s’occupe du foyer. La routine s’établit au fil des années. Le monde extérieur engendre de la méfiance. Contrairement au style parallèle, les relations entre les membres sont fusionnelles (loisirs communs, par exemple).
• Le style « cocon » (15 %). Ce profil émergent se fonde sur la fusion des membres et un repli relatif sur leur vie familiale. Les rôles conjugaux sont assez identiques, ce qui distingue ce type du style « bastion ». Les décisions sont prises de manière égalitaire. ■
Source : J. Kellerhals, É. Widmer et R. Lévy, Mesure et démesure du couple, Cohésion, crises et résilience dans la vie des couples, Payot, 2004.
Chiffres clés
66 % des adultes (plus de 18 ans) déclarent vivre en couple.
33 % sont seuls.
Parmi les couples, 73 % sont mariés. 23 % vivent en union libre, 4 % ont conclu un pacs.
L’âge moyen du mariage recule. Il s’établit à 30 ans et demi pour les femmes, et 32 pour les hommes.
Les couples homosexuels représentent 0,6 % de l’ensemble des couples (environ 200 000 adultes).
53 % d’entre eux vivent en union libre.
6 couples homosexuels sur 10 sont composés d’hommes.
120 000 divorces par an ! En 2013, on enregistre un divorce pour deux mariages : 225 784 couples se sont mariés, et 121 849 ont divorcé en France. Environ un mariage sur cinq est en réalité un remariage suite à un divorce ou au décès du conjoint.
Sources : G. Buisson et A. Lapinte, « Le couple dans tous ses états », Insee Première, no 1435, février 2013 ; C. Decondé, « Mariage, union libre ou pacs : à chaque âge sa forme de couple », Population, no 302, février 2013. Ined pour le nombre de divorces.