Sortir de la solitude | ARTE Regards

c’est quand même le comble d’être 8 milliard 

et que la solitude soit un problème de société

il y’a un tabou autour des émotions quel sucite

pour beaucoup c’est devenu une habitude

parfois c’est un moyen de ce protégé

c’est un domaine qui demande plus d’initiative

a toutes les échelles social

 

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Il y a 5 ans, le Covid-19 a changé le monde. Notre vision de la normalité et du vivre ensemble va être mise à l’épreuve comme jamais auparavant. La pandémie a provoqué une épidémie généralisée de solitude dont les effets se font sentir aujourd’hui encore. Mais des remèdes existent. L’idée, c’est qu’à un moment, on lâche son téléphone, on arrête de scroller et on revient dans la vraie vie.

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Dansé, 28 ans, vit à Berlin et organise des balades pour les femmes qui souhaitent lier connaissance. L’idée lui est venue à New York où elle a passé un an comme fille au pair en 2022. À l’image de la capitale cosmopolite, les participantes viennent de tous les coins du globe. Ici, tout le monde est super ouvert. Alors, pas d’inquiétude. Je vais marcher en tête, suivez-moi et éclatez-vous. C’est parti !

À son retour en Allemagne en 2023, Bianca a fondé Offline Girls, les filles hors ligne, sur une plateforme en ligne.

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J’ai posté ma première vidéo sur TikTok, juste moi devant la caméra : « Les filles, ça vous dirait d’aller vous balader et de vous faire de nouvelles amies ? » Parce qu’en fait, c’est compliqué. Le jour J, j’étais hyper stressée. Je ne savais pas comment ça allait se passer. Certes, j’avais eu quelques commentaires, mais est-ce que des filles viendraient ? Est-ce que l’idée plairait ? J’étais là, toute seule, à attendre. Puis une fille est arrivée, une autre, et finalement on s’est retrouvées à six. Un énorme succès ! Depuis, Bianca réunit parfois jusqu’à une centaine de participantes.

En raison d’un pourcentage élevé de ménages composés d’une seule personne, Berlin a la réputation d’être la capitale de la solitude. Se sentir seul, ça dépend de chacun, mais c’est un phénomène intergénérationnel. La solitude, c’est un gros problème chez les jeunes, et j’ai l’impression qu’on en a plus honte que les gens âgés. On se dit : « À mon âge, je devrais pouvoir nouer des relations très facilement. » Mais en fait, c’est parfois difficile. Alors, se retrouver quelque part avec d’autres personnes, elles aussi à la recherche de nouveaux amis, c’est l’idéal.

Depuis la fin de la pandémie, l’isolement et la solitude représentent effectivement un problème croissant chez les jeunes en Europe. En moyenne, 57 % d’entre eux se sentent seuls. Parmi les pays où une étude a été menée en 2024, la France est en tête avec 63 % des jeunes adultes qui déclarent souffrir au moins modérément de solitude, suivie par la Belgique et l’Italie. En Allemagne, ils sont plus de la moitié. Mais toutes les tranches d’âge sont concernées.

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Parmi les groupes à risque, il y a, entre autres, les personnes divorcées ou veuves, les citadins, mais aussi les chômeurs, les individus qui ont un faible niveau d’éducation ou sont issus de l’immigration, et les femmes. Les Offline Girls sont devenues une communauté de plusieurs milliers d’organisatrices sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, Marina Schultz participe à la balade. Le sujet l’intéresse pour des raisons professionnelles. « Je trouve géniale l’idée qu’à l’ère du numérique, on sorte de chez soi pour se créer un réseau, se rencontrer dehors, faire connaissance, se balader. C’est aussi une excellente façon d’entretenir sa forme physique. »

Katharina Schultz travaille dans l’arrondissement de Reinickendorf à Berlin, première municipalité d’Allemagne qui emploie à plein temps une déléguée à la lutte contre la solitude. Sa mission consiste à aider les quelques 26 000 personnes de sa circonscription qui se sentent isolées. « Comme je n’ai plus de famille, je suis très seule. Sans compter que beaucoup de mes amis décèdent les uns après les autres. D’autres ont quitté Berlin parce qu’ils étaient trop âgés. Certains ont déménagé chez leurs enfants, et je me retrouve isolée. »

Ces bancs de bavardage ont pour but de combattre la solitude en incitant les personnes à discuter les unes avec les autres. Il existe déjà trois bancs comme celui-ci. C’est Madame la Maire qui a eu l’idée des phrases inscrites sur les lattes. En 2025, il est prévu d’en installer deux à des endroits différents de Reinickendorf, et au cours de l’année prochaine, d’en disposer d’autres dans plein de coins agréables où les gens pourront se rencontrer. Ça se généralise, c’est bien. C’est une stratégie modeste dans l’offensive contre l’isolement, n’empêche qu’elle fonctionne.

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« On se donne des nouvelles, tout à fait. Au revoir, à bientôt ! À bientôt. Au revoir, au revoir. » Désormais, ces deux dames se voient régulièrement pour prendre un café et papoter.

À Aarhus, on est passé à la vitesse supérieure. Dans la deuxième plus grande ville du Danemark, voilà longtemps que la société dans son ensemble lutte contre la solitude. Parmi les méthodes mises en place, il y a la construction de logements collectifs novateurs. Ainsi, Ane a obtenu un appartement dans un immeuble intergénérationnel tout récent. Jusque-là, elle vivait seule dans une maison en banlieue. Lorsqu’elle a appris qu’elle souffrait de la maladie de Parkinson, elle a préféré prendre les devants. Ici, elle rencontre des gens et bénéficie également de soins. Quand elle rentre chez elle, elle passe devant de nombreux espaces communs où les résidents se croisent. Le matin, par exemple, c’est une garderie. Ils étaient couverts de peinture, il y en avait plein le sol.

« Coucou ! Salut, mon ami ! Il est venu se faire couper les cheveux et prendre le café avec moi. À, c’est gentil ! Bienvenue ! »

« Avec, on se connaît depuis toujours. Quand sa femme est morte, comme j’étais seul moi aussi, on a décidé de se voir plus souvent pour boire un café. Tous les jours, il vient m’aider à faire les courses, faire la lessive, il m’emmène à la pharmacie, chez le dentiste, et… C’est, j’ai beaucoup de chance ! »

Les appartements ne font pas tous la même surface, mais ça, c’est dans la moyenne des loyers de la ville. Ils sont en partie subventionnés par l’État. Grand, confort, précieux. « C’est marrant, non ? Regardez, c’était ma grand-mère. Elle a eu 10 enfants, a grandi dans une famille nombreuse et a toujours eu peur de vieillir seule. Mais ici, jeunes et seniors vivent sous le même toit. C’est fantastique de pouvoir passer du temps avec des jeunes qui habitent dans la résidence. Peut-être des choses à leur apprendre, comme quoi par exemple ? À cuisiner, à être heureux, à parler aux autres, à s’entraider quand on en a besoin. »

Ce type de résidence convient parfaitement à Ane, 75 ans. Il suffit d’étudier le baromètre de la solitude au Danemark pour comprendre l’importance des nombreux dispositifs mis en œuvre. En 2017, chez les plus de 16 ans, 380 000 personnes déclaraient se sentir seules. Pendant le Covid, ce chiffre était monté en flèche : elles étaient 600 000 à souffrir de solitude. Après la pandémie, en 2023, elles n’étaient plus que 470 000. Un recul net, mais un chiffre encore élevé. La stratégie nationale danoise vise à réduire de moitié le nombre de gens souffrant de solitude d’ici 2040.

Christian dirige l’immeuble intergénérationnel. Il est convaincu que pour lutter contre la solitude, il faut construire différemment. Aménagement urbain et cohabitation doivent être conçus comme un tout. Des politiciens et de hauts fonctionnaires de la municipalité d’Aarhus ont eu cette idée visionnaire. Il y a une vingtaine d’années, ce sont eux qui en ont parlé les premiers. Ça a été l’occasion de lancer un projet complètement nouveau : des soins pour les personnes âgées aux offres de garde pour les enfants, les possibilités de contact ne manquent pas dans le bâtiment de 304 appartements. Le principe, c’est une réinterprétation moderne du village traditionnel, avec une interaction de tous les résidents et les enfants pour créer une communauté.

« C’est très important pour moi de faire un boulot qui participe à l’épanouissement des autres. Beaucoup me disent à quel point ils apprécient de vivre ici. Certaines personnes plus âgées ont même affirmé qu’emménager dans la résidence était la meilleure chose qu’elles avaient faite depuis longtemps. Elles se sont intégrées dans une communauté nouvelle et se sont fait des amis. »

Ane a bien compris : pour ne pas s’isoler, elle doit s’investir. Alors, parmi les activités proposées, elle s’occupe des carrés de verdure.

À Berlin-Reinickendorf, Katharina Schultz aborde elle aussi le problème de manière stratégique. D’ailleurs, de nombreuses municipalités allemandes étudient les mesures mises en place par la déléguée. La lutte contre la solitude : une carte interactive de lutte contre la solitude est en cours d’élaboration. En cliquant sur la carte, on obtient des informations sur l’endroit sélectionné. Là, par exemple, dans le quartier de Tegel, il y a une des deux installations de loisirs pour seniors qui propose plein de super activités. La fenêtre qui s’affiche donne d’autres renseignements et des contacts. Si l’usager n’est pas obligé de traverser la moitié de la ville, il voit ce qu’il a à sa disposition autour de chez lui. Le problème de la solitude a été trop longtemps ignoré. Désormais, il faut développer une infrastructure contre l’isolement et aborder ouvertement la question.

« Ça, ça me parle. Ça pourrait fonctionner. Ici, les associations se réunissent. Je préférerais qu’on ait un seul logo, un cœur et une oreille contre la solitude, qu’on afficherait dans tous les lieux. »

Parmi les dispositifs adoptés à Reinickendorf, il y a cet autocollant qui indique qu’à tel endroit, on écoute les autres. Dans le meilleur des cas, il permet aussi d’établir des contacts. Il est apposé dans plus d’une centaine d’établissements dans tout l’arrondissement. Mais ce n’est qu’un des nombreux éléments de la mosaïque qui permet de lutter contre l’isolement.

De son côté, Bianca Cavron prépare ses sorties contre la solitude. Durant la pandémie, elle cherchait comment tisser des liens via les médias sociaux. Si elle a fait la connaissance de son fiancé par une application de rencontre, pour Bianca, les réseaux sociaux ne sont pas une fin en soi, mais un outil de lutte contre la solitude.

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« Les réseaux sociaux nous donnent l’impression d’avoir des amis, alors qu’en réalité, c’est complètement artificiel. Quand on regarde bien, on voit que ça ne remplace pas le vrai contact humain. Je te prépare une pomme, super ! Merci ! Qu’elle soit heureuse, c’est pour ça que je soigne la présentation de ce que je lui fais à manger. »

An et Bianca savent ce qu’on ressent quand on débarque dans une ville où on ne connaît personne. Ce lien d’amitié peut s’avérer très difficile.

« Je me rendais pas vraiment compte avant la pandémie, mais c’est beaucoup plus difficile de se faire des amis quand on est adulte. En plus, je suis arrivée dans un pays où je ne connaissais personne. Mais elle m’aide à sortir de ma coquille. »

Au début, Bianca n’organisait que des balades. Aujourd’hui, elle propose aux Offline Girls des manifestations variées et a toujours de nouvelles idées. Le côté sympa de son concept, c’est qu’on est dans le même bateau, à nouer de nouvelles amitiés. Par conséquent, on est moins inhibé, on va plus facilement vers les autres. Ce qui est toujours difficile dans une grande ville comme Berlin. Comme je dis toujours, à Berlin, c’est facile de rencontrer des gens, mais plus compliqué de se faire des amis. Alors, c’est bien de savoir que dans ces soirées, on sera accueilli à bras ouverts. Les balades sont gratuites, mais pour les manifestations comme les ateliers ou les dîners, les participants achètent un billet.

« Coucou ! Habituées, quelques-unes sont nouvelles. Malgré tout, je suis toujours un peu nerveuse dans la mesure où pour moi aussi, c’est nouveau. Je ne connais pas les filles qui viendront. En plus, j’ai une certaine responsabilité vis-à-vis d’elles qui viendront ce soir. Seront-elles à l’aise et tisseront-elles des liens les unes avec les autres ? »

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Dans cet élevage d’ânes en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, on fait de vraies rencontres. « Je suis curieux de voir comment on fait. »

Début 2020, Paul Schubert a créé un réseau social pour les personnes qui traversent des moments difficiles. Help City permet aux utilisateurs de se rapprocher via une application. Sa particularité est de mettre en relation des gens qui partagent un même vécu. L’idée m’est venue à l’époque où j’étais soignant et où je rencontrais beaucoup de gens très seuls. Non seulement ils souffraient de maladies graves, mais ils n’avaient personne à qui parler. Ça me touchait tellement que j’ai décidé d’agir. De toute évidence, Paul a touché une corde sensible. Aujourd’hui, plus de 25 000 personnes utilisent son application, en partie gratuite.

« Là, c’est l’onglet pour les personnes qui partagent les mêmes idées. On peut également filtrer en fonction de la région ou bien des sujets de discussion qui nous intéressent. À la différence d’autres applis, on s’exprime de manière sincère, quitte à se montrer vulnérable. L’important, c’est aussi de se rencontrer en vrai dès que possible. »

Par exemple, dans l’élevage d’ânes où une utilisatrice travaille bénévolement. Laura est infirmière, mais pendant la pandémie, elle a fait une dépression et s’est repliée sur elle-même. Aujourd’hui, elle reprend peu à peu goût à la vie, entre autres grâce à l’appli de Paul.

« Tu as commencé la formation de conseil en soin infirmier en case management. Je viens de terminer la première semaine. C’est intéressant, comme tout ce qui est nouveau. Quand on ne sait pas faire, on a commencé par la partie administrative, et on va voir après. »

Un séjour en maison de repos, elle a cherché du soutien et noué des liens sur l’application. L’année dernière, à la maison de repos, j’ai constaté à quel point c’était utile de discuter avec des personnes qui ont connu le même sort ou qui savent ce qu’on ressent quand on fait une dépression. Les échanges avec des gens qui ont vécu des choses similaires l’aident beaucoup. Il est essentiel d’agir quand on souffre de la solitude. Elle est considérée comme un facteur de risque pour la santé physique et psychique des individus. La solitude accroît, entre autres, la probabilité de développer de nombreuses maladies. Outre la dépression et l’anxiété, elle augmente le risque de crise cardiaque, d’AVC et de démence. L’application de Paul repose également sur un système de mentorat. Des utilisateurs chevronnés de Help City aident les nouveaux à surmonter leur phobie du contact physique. C’est le cas de Marlon, qui fait partie de la communauté depuis 4 ans.

Marlon aussi a souffert de la solitude, mais aujourd’hui, il profite du réseau créé.

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« Pa, c’est toujours donnant-donnant. Dans son profil, on se dévoile un peu, ne serait-ce que par les sujets qu’on aborde. C’est donc très facile de trouver des gens qui savent de quoi on parle et de quoi on a envie de parler. »

« Tu les donnes souvent, des friandises ? Plutôt rarement, pour des occasions particulières, pas n’importe quand. Pour les faire venir ou dans certains cas particuliers, ils adorent grignoter les cornes des arbres. Alors, pour éviter ça, on leur donne un plein seau de friandises. »

C’est aussi grâce à Help City que Marlon et Laura sont sortis du cercle vicieux de l’isolement. Mais pour Paul, le combat contre la solitude est loin d’être terminé. À l’occasion du marathon de Cologne, au milieu de 30 000 participants, il a décidé d’envoyer un signal clair. Avec un gilet lesté, tout un symbole. Aujourd’hui encore, les gens ont honte d’être seuls. Alors, pour montrer à quel point ça peut être pesant et épuisant, j’ai enfilé ce gilet de 7 kg pour visibiliser l’isolement, pour briser le tabou.

[Applaudissements]

« Ça, plus de 42 km avec ce gilet de 7 kg pour visibiliser l’isolement, pour briser le tabou. »

Elle est convaincue que lorsqu’on est seul, il est vital de faire preuve d’initiative. « Je croise toujours quelqu’un qui veut me parler. Dans ma vie, je n’ai jamais été seul. J’ai une belle famille qui m’a appris à m’investir et à faire don de soi de tout son cœur. »

La bonne fée de la résidence, ses nouveaux voisins font déjà partie de ses amis.

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« La connaissance d’autres familles et d’autres résidents, ça a été très facile de nouer des liens avec les gens ici. La place du marché du village a été remplacée par le restaurant de la résidence, un lieu de rencontre plein de vie. »

Piergio Rosetto est italien et femme américaine. Il vient d’arriver à Aarhus et ne parle pratiquement pas danois.

« De la salade, et ça, c’est du smørrebrød. Bien ! Je trouve que c’est vraiment génial de fréquenter des gens plus âgés, en particulier quand on vient d’une autre culture. C’est une excellente manière d’apprendre la langue. En fait, tout le monde s’y retrouve, accessible et adapté à tous. L’immeuble est considéré comme un modèle et un projet d’avenir bien au-delà des limites de la ville. La municipalité propose également des solutions numériques pour rassembler les individus. À chacun de décider s’il veut saisir l’occasion. »

« Ce soir, je pensais profiter d’une offre de sortie trouvée sur G, le tableau d’affichage virtuel de la ville. Finalement, je suis trop fatiguée, mais ça aurait été chouette de sortir et de passer un bon moment avec d’autres personnes. »

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À Aarhus, la lutte contre la solitude incombe aux institutions sanitaires locales. Outre la résidence intergénérationnelle où les habitants bénéficient d’un encadrement et de soins médicaux, 34 maisons de rencontre proposent des activités variées, du club de tricot au cours de cuisine. Genloud, le tableau d’affichage numérique de la ville, met en contact des personnes de toutes origines et de tous âges.

Jacob Flou Christensen dirige l’équipe municipale qui compte 12 personnes. Avec Anna Elisabeth Ørsted, il se pose une question essentielle : « Qui est responsable de son isolement ? L’État, les proches ou la personne concernée ? »

« Évidemment, c’est une responsabilité partagée. Il faut donc travailler sur le problème en tenant compte de toutes les perspectives. Avec Genloud, en français ‘Ensemble’, on s’appuie beaucoup sur le net. Ce n’est qu’une plateforme sur laquelle on a posé un cadre afin de lutter contre la solitude et l’isolement. Ensuite, c’est aux usagers d’oser inviter d’autres personnes et de créer des communautés ouvertes et accueillantes. Les Scandinaves ont la réputation d’être très fermés. Il y a déjà plus de 6 000 personnes qui profitent des offres en ligne sur la plateforme. »

Au programme aujourd’hui, une sortie mini-golf. Les participants doivent respecter une règle : personne ne se connaît, tout le monde vient seul.

« Parfait ! Franchement, je ne crois pas que les gens aient peur de venir. Ils sont quand même un peu intimidés parce qu’ils ne savent pas comment ça va se passer ni qui ils vont rencontrer. Mais 90 % du temps, ils sont détendus et très contents d’être venus. »

Ce monsieur profite de presque toutes les occasions pour rencontrer des gens. « La solitude, c’est ce qu’il y a de pire sur le plan psychologique. J’ai toujours fait plein de choses pour ne pas être seul et isolé, même si je suis célibataire. L’objectif du Danemark est ambitieux : réduire de moitié le sentiment d’isolement au sein de la population d’ici 2040. Mais pour ça, il faut offrir des activités accessibles sur le plan financier. Cette sortie est gratuite pour que tout le monde puisse y participer, pour que personne ne soit exclu. Faire de nouveaux amis et rencontrer du monde, ça ne coûte pas un centime. La voie ouverte par le Danemark pour sortir de l’isolement repose sur des solutions multiples, et Aarhus sert aujourd’hui de modèle.

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30 femmes se sont inscrites à la soirée jeu de société organisée par Bianca Gavron. Ici aussi, une majorité d’entre elles ne se connaissent pas. C’est pour changer ça que Bianca a décidé de réserver ses manifestations aux femmes, à qui elle veut offrir un espace protégé.

Tamara est chilienne et fait ses études à Berlin. Elle sait ce qu’elle attend de la soirée. « J’espère qu’on va toutes bien s’entendre et devenir copines. C’est le but de la soirée. Oh zut ! À Berlin, beaucoup de gens ne font que passer. C’est comme ça, sans arrêt. Alors, j’espère trouver des filles qui projettent de rester et me créer un cercle d’amis. C’est mon objectif ce soir. »

Lizzy fait partie de la communauté des Offline Girls depuis plus longtemps et s’en félicite. « Pendant la pandémie, j’ai passé mon bac, puis continué mon cursus en fac, et je suis passée de ma bande de copains de toujours aux études à distance. C’est pour ça que je suis contente de rencontrer des gens. C’est mieux qu’au début, quand on ne pouvait voir personne. Cette soirée est super. Les filles sont là parce qu’elles ont envie et qu’elles aiment aussi jouer pendant leurs loisirs. D’ailleurs, on a déjà échangé nos numéros pour se retrouver régulièrement. S’asseoir ensemble devant un plateau de jeu au lieu de passer du temps seul sur son portable… »

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Et Bianca ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « J’envisage tout à fait que notre communauté grandisse et se développe dans d’autres villes, voire dans d’autres pays, et mette en relation des femmes du monde entier. En tout cas, c’est mon rêve. L’idée, c’est qu’à un moment, on lâche son téléphone, on arrête de scroller et qu’on revienne dans la vraie vie. Une relation sincère pour notre bonheur et notre santé, la solitude nous concerne tous, et nous ne pourrons en sortir qu’à condition d’agir ensemble. »

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