L’amour 2.0

avec le dictionnaire de l’amour du futur

 couvert d’amour retrouvé des mots 

qui mets en avant les mœurs de l’avenir

avec touche d’humour mettant le doigts

sur les anomalies et avantage qu’on

va rencontré en chemin

 

Traducteur: eric vautier
Relecteur: Claire Ghyselen

Bonsoir.

Est-ce que vous pouvez vous lever ?

Vous l’avez déjà fait au début,
donc vous pouvez recommencer.

(Bruits de fauteuils)

Vous vous tournez d’un côté ou de l’autre,

et vous rencontrez le regard d’un voisin.

Vous posez maintenant
vos deux mains sur ses épaules.

(Brouhaha)

(Musique)

♪ Non, je ne me souviens plus
du nom du bal perdu, ♪

(Rires)

Et vous dansez !

(Rires)

♪ Les yeux au fond des yeux ♪

♪ et c’était bien ♪

♪ et c’était bien ♪

(Musique : accordéon)

Vous pouvez vous rasseoir.

Est-ce que vous avez senti
le grand frisson de l’amour ?

(Brouhaha)

Oui ?

Est-ce que certaines personnes
ne l’ont pas senti ?

Parce que vous pouvez
vous faire rembourser.

C’est-à-dire que, depuis 2025,

TEDx a mis en place
un logiciel d’âmesoeurisation.

Donc si vous n’êtes pas à côté

de quelqu’un qui vous
déclenche le grand frisson,

vous vous faites rembourser.

Vous avez compris,
on va parler du futur de l’amour.

Il se trouve qu’en 2017,

j’ai écrit
le « Dico du futur de l’amour ».

Un ouvrage exceptionnel.

(Rires)

Pourquoi ?

Parce que j’ai été en 2031,

et j’ai rencontré

Turfu

et Turfette.

Ils m’ont raconté leur histoire.

Ils m’ont d’abord raconté leur rencontre.

Il se trouve
que leurs arrière-grands-parents

s’étaient rencontrés
au petit bal du samedi soir.

Et c’était bien.

Et c’était bien.

Leurs [grands-parents]
se sont rencontrés au boulot.

Et c’était bien.

Leurs parents se sont rencontrés…

sur un site de rencontres.

C’était vers 2015, 2020.

Et c’était vraiment pas bien.

Il fallait à ce moment-là

photolifer sa vie.

Le principe, c’est

je mesure 1m20, mais je taille grand…

Allez ! Je mets 1m80.

Je pèse 73 kg avec les sandales,

donc là, ça fera 49 kg.

Alors question études…

J’ai un évier à deux bacs,

j’ai deux bacs à fleurs,

un bac à sable,

donc je note bac+5.

(Rires)

On souffrait aussi de tinderite.

Lui, il est vraiment canon, mais il fait
un peu trop de jogging et de trekking,

et on sait que ça oxygène
parfois mal le cerveau.

Et puis elle, une bombe, waouh !

Enfin bon, dormir avec son gilet jaune,
c’est tout de même pas top.

Et en plus de ça,
elle collectionne les chats.

Il fallait aussi de temps en temps
faire appel à un rupteur.

Dégager 17 relous en même temps, on avait
peut-être des fois un petit peu…

Voilà, c’est un peu beaucoup.

Et il fallait aussi de temps en temps
investir dans un fantomour,

pour avoir un peu de tranquillité.

Pourquoi à ce moment-là,

l’algomatching était-il lamentable ?

Tout simplement parce que

l’algorithme était nourri avec
des données de très mauvaise qualité.

Uniquement des données d’âge, de taille,

de lieu géographique, d’études,

enfin rien d’intéressant.

Heureusement, quelques années plus tard,

on ne sait plus exactement quand,
mais les GAFA sont arrivés.

Alors là, qu’est-ce qu’ils ont mis
dans l’algorithme ?

Pfff.

Toutes les conversations,

tous les SMS,

tous les Insta,

tous les swipe,

ils ont rajouté aussi le génome.

Résultat des courses :

qu’est-ce qu’il s’est passé ?

L’algomatching, c’était à 99%.

Ça a changé beaucoup
de choses ce moment-là,

on pouvait en trois clics
rencontrer l’âme sœur.

D’abord, la première chose très positive :

suppression de la solitude,

quel que soit l’âge,

si on était gros, maigre, handicapé, tout,

en trois clics, on rencontrait l’âme sœur.

On met à la poubelle tous les suppramours,

toutes ces pilules
qui effacent les peines de cœur.

On a une péchope.

Vous savez comment ça marche, la péchope ?

C’est un peu comme un détecteur de métaux.

On va vers l’âme sœur
et de temps en temps, ça fait :

bip bip bip.

C’est pas mal dans le train.

On a aussi assisté à ce moment-là

à la multiplication
des relations éphémères.

Et surtout, ça a été
le boom des éphimariages,

des mariages à durée déterminée.

Six mois, 18 mois –

au plus tôt 18 mois, parce qu’il faut
refaire la fête à chaque fois.

Il y a eu aussi des mariages longue durée.

Là, les couples sont aidés
par les dataloves.

Le principe des dataloves,
c’est assez simple :

-15 :

petit bouquet de fleurs,

un petit resto ;

-30 :

week-end à Venise ;

– 95 :

là, il faut mettre le paquet :
dix jours aux Îles Marquises,

c’est le minimum.

Deuxième temps : ils m’ont parlé,
Turfu et Turfette,

de l’évolution de leur couple.

Il se trouve que
leurs grands-parents ont construit,

comme tous les grands-parents,
d’ailleurs, de leurs collègues,

ont construit leur vie sur la possession.

Le principe de construction de vie,
c’était :

on possède un petit appartement,
un plus grand, deux maisons,

on possède une voiture,

une plus grande voiture,
deux voitures, etc.

Le principe de la possession,

à partir de…

La vie amoureuse était aussi
basée sur la possession.

On va dire : ma femme, mon mari,

mon copain, mon chien,

mes enfants.

Toute l’histoire…

A partir de 2015, 2020,

au moment de l’arrivée
des plateformes collaboratives,

ça change.

On n’est plus sur la possession,

mais on est de plus en plus sur l’usage.

A quoi bon avoir une maison à la campagne

si en deux clics, on peut avoir
les quinze jours qui nous font…

C’est génial.

A quoi bon posséder une voiture s’il y
en a une en bas qui arrive en un clic ?

Et au fil du temps, on assiste
aussi à l’évolution du couple,

qui est en phase
avec cette évolution sociétale.

Dès 2015, 2020, on le voit apparaître :

les couples peuvent passer
beaucoup de temps ensemble

sans pour autant avoir cette notion
de mon copain, ma copine.

Et on voit, par exemple,
dans certains pays,

l’arrivée du mariage des trouples,

des couples à trois.

En Colombie et au Brésil,
ça s’est passé vers 2016 à peu près.

Donc Turfu et Turfette,
qu’est-ce qu’ils font ?

Ils collamourent.

Alors, collamourer,

quand on en parlait en 2018,

il y avait une notion
un petit peu négative,

on avait l’impression que
c’était une notion de partouze.

Mais ce n’est pas du tout ça.

C’est-à-dire que l’évolution…

C’est la reconstruction du
couple en phase avec la société

sans cette notion de propriété.

Troisième temps :

la famille.

Bien sûr que des choses ont changé
quand j’ai rencontré Turfu et Turfette.

Pour comprendre un peu l’évolution
et ce qu’ils m’ont expliqué,

il fallait revenir un peu en arrière,

il fallait revenir en 2004.

Le premier décryptage du génome,

des milliards de dollars.

Ça coûte très très cher.

2018, quelques années plus tard,
ça coûte 200 euros.

Deuxième chose :

2016,

CRISPR-Cas9.

Derrière ce mot un peu complexe,

c’est un nouveau couteau génétique.

A partir de là,

on commence les modifications génétiques,

et entre autres,

les modifications génétiques
de l’embryon humain.

On commence toujours pour le meilleur.

Le principe, c’est

des parents

qui sont atteints de gènes
porteurs de maladies graves,

on supprime ces gènes

et on permet aux parents
d’avoir des enfants.

Et puis au fil du temps,

on s’aperçoit qu’en Chine,

on commence aussi à bricoler
un peu le génome humain.

Et en 2030,

Turfu et Turfette, ils génofantent,

c’est-à-dire qu’ils construisent
le patrimoine génétique de leur bébé.

Ce sont des journées un peu compliquées.

Garçon ? Fille ? Blond ? Brun ?

Cerveau d’Einstein ou d’Hannouna ?

Celui-là peut-être pas,
il ne faut pas exagérer.

Et puis aussi cinq doigts ou six doigts ?

Parce que les Kardashian,

ils ont programmé des bébés à six doigts,
donc ça devient les bébés tendance.

Donc là,

on a une espèce d’évolution,

et on arrive, au niveau sociétal,

à vraiment des choses
qui sont assez graves.

La première, c’est qu’on a des bébés
de riches et des bébés de pauvres.

Les bébés de riches,

ils n’ont plus de maladies

parce que, bien entendu,

on a supprimé tous les gènes
de maladies graves,

on va les supprimer.

Ils ont aussi un autre avantage,

c’est que les assurances qui voient que…

Les assurances sont moins fortes

puisqu’ils sont porteurs
de moins de maladies.

Et il y a les bébés des pauvres,
qui sont des bébés bio,

des fois 100% naturels.

Ça, c’est la première crise.

La deuxième chose très problématique,

c’est le fait que, tout d’un coup,

toute la société et toute la famille

étaient basées sur

la lignée, le sang,
la transmission du sang,

la transmission des gènes.

A partir de ce moment-là,

il y a débat,

parce que

le principe de base
de cette évolution n’existe plus.

On conçoit des bébés
avec trois, quatre parents,

on a des bébés conçus dans des exotérus.

Je peux vous dire qu’en 2031,

quand j’y ai été,

il y avait un débat très très important

sur l’évolution de la famille

et les règles à mettre en place
dans la famille.

C’est tout ce que m’ont raconté

Turfu et Turfette,

mais le futur de l’amour,

ça commence aussi aujourd’hui.

Alors vous pouvez peut-être vous relever,

(Rires)

(Rit)

danser de nouveau et échanger.

(Musique)

Merci.

♪ C’était tout juste après la guerre
Dans un petit bal qu’avait souffert ♪

(Applaudissements)