La théorie aelredienne de l’amour de Xavier Morales :

Convergence avec la psychanalyse :
La théorie aelredienne de l’amour présente des parallèles avec la psychanalyse freudienne, notamment l’idée que l’amour (ou la pulsion) précède le choix de l’objet. Comme Freud dissocie la pulsion de son objet, Aelred considère que l’amour en tant que faculté est une puissance fondamentale, indépendante de tout objet spécifique.

L’amour comme faculté essentielle :
Aelred définit l’amour comme une capacité innée de l’âme humaine, destinée à rechercher le bonheur en Dieu. Cette faculté, qui précède toute détermination, peut conduire soit à la charité (caritas), soit à la convoitise (cupiditas), selon l’objet choisi.

Une critique d’Augustin :
Contrairement à Augustin, qui interdit de « jouir » du prochain (frui), réservant la jouissance à Dieu seul, Aelred suggère qu’on peut jouir du prochain, à condition que cela se fasse « en Dieu ». Il insiste sur une dimension de réciprocité dans l’amour du prochain et sur une béatitude partagée entre les créatures.

Une unité et une diversité de l’amour :
Pour Aelred, l’amour est une force unique, mais se décline en divers modes selon ses sources (charité, convoitise) ou ses objets (Dieu, ami, prochain, etc.). Ces modes ne s’excluent pas, mais s’entrelacent harmonieusement, reflétant une complexité qu’il nomme complexio.

Théologie de l’amour trinitaire :
L’amour humain, pour Aelred, est à l’image de Dieu, qui est amour. Cette dimension théologique inscrit l’amour dans une structure trinitaire où mémoire, connaissance et amour constituent les facultés fondamentales de l’âme humaine, reflétant la Trinité divine.