« Et si on vous aimait plus que vous ne le pensez ? – Émotions » de Louie Media.

 (La vérité sur le « Liking Gap »)

 

Vous connaissez ce sentiment ? Vous rentrez d’une soirée, d’un déjeuner avec des collègues ou d’un premier rendez-vous, et soudain, votre cerveau appuie sur « Replay ».

Mais pas pour vous passer les bons moments. Non, pour vous repasser en boucle cette blague qui est tombée à plat, ce silence un peu gênant, ou cette phrase que vous auriez dû formuler autrement. Une petite voix intérieure vous chuchote : « J’ai été nul(le) », « Je suis ennuyeux(se) », « Ils ont dû me trouver bizarre ».

Si vous vous reconnaissez, j’ai une excellente nouvelle pour vous, tirée du dernier épisode du podcast Émotions (Louie Media) : Vous avez tort. Et la science le prouve.

 

Le phénomène du « Liking Gap »

 

Des chercheurs américains (Gus Cooney et Erica Boothby) ont étudié ce phénomène qu’ils ont baptisé le « Liking Gap » (l’écart d’appréciation).

Leur conclusion après avoir observé des milliers d’interactions ? Nous sous-estimons systématiquement à quel point les autres nous apprécient.

En clair : après une conversation, la personne en face de vous part généralement avec une bien meilleure impression de vous que celle que vous imaginez. L’écart entre votre auto-critique sévère et la réalité bienveillante est immense.

 

Pourquoi sommes-nous si durs avec nous-mêmes ?

 

La vidéo met en lumière plusieurs coupables dans notre cerveau :

  1. Le fantasme de la perfection : Nous comparons ce que nous avons dit avec une version « idéale » de nous-mêmes (celle qui a toujours la répartie parfaite, mais souvent 3 heures trop tard). Les autres, eux, n’ont pas accès à ce scénario idéal, ils apprécient juste la conversation réelle.

  2. La projection : Nous imaginons que nos interlocuteurs entendent notre voix intérieure critique. S’ils savaient à quel point on se juge, ils nous jugeraient aussi, non ? En réalité, ils sont souvent trop occupés à gérer leur propre insécurité pour remarquer la vôtre.

  3. L’aveuglement : Nous sommes tellement concentrés sur notre performance que nous ne voyons pas les signaux positifs (sourires, hochements de tête) que l’autre nous envoie.

 

Le danger de l’auto-sabotage

 

Le vrai risque, ce n’est pas d’être « nul », c’est de croire qu’on l’est.

Si vous pensez être inintéressant, vous allez vous mettre en retrait, éviter les sujets profonds ou fuir les interactions. C’est un cercle vicieux : moins vous vous montrez, moins les gens apprennent à vous connaître, ce qui renforce votre croyance.

Comme le dit l’un des intervenants : « Révéler quelque chose de soi, se montrer vulnérable, c’est prendre un risque. Mais c’est ce risque qui crée le lien. »

 

Comment faire taire le critique intérieur ?

 

Voici 3 astuces tirées de l’épisode pour mieux vivre vos interactions :

  • Rationalisez : La prochaine fois que vous angoissez après une discussion, rappelez-vous que statistiquement, l’autre personne est probablement en train de se demander si elle n’a pas été trop bavarde.

  • Adoptez le « contre-monologue » : Si votre voix intérieure vous insulte, créez-en une deuxième, bienveillante, qui vous parle comme à un ami. « T’as assuré », « C’était sympa », « Au pire, c’est pas grave ».

  • Vérifiez la réalité : En cas de gros doute sur un malaise, osez demander ou faire une blague dessus. Souvent, vous réaliserez que l’autre n’avait absolument rien remarqué (comme cette voisine qui ne savait même pas que Julie avait quitté le groupe WhatsApp !).

 

En résumé

 

La prochaine fois que vous vous refaites le film de votre soirée en grimaçant, souvenez-vous du Liking Gap. Les gens ne scrutent pas vos défauts à la loupe. Ils cherchent, comme vous, à passer un bon moment.

Alors, respirez. On vous aime plus que vous ne le croyez.

. Le « Liking Gap » : ?

Définition : Le « liking gap » est un phénomène psychologique où les gens sous-estiment systématiquement à quel point ils sont appréciés par les autres après une interaction sociale. Les études (comme celles de Gus Cooney et Erica Boothby) montrent que :

  • On se juge plus sévèrement que les autres ne nous jugent.
  • On projette nos insécurités sur les autres, en imaginant qu’ils partagent nos critiques envers nous-mêmes.
  • On oublie que l’autre est aussi préoccupé par lui-même : il ne passe pas son temps à analyser nos moindres mots ou gestes.

Exemple concret : Ton souvenir d’adolescence où tu as couru pour impressionner un garçon, et sa réaction gênée, est typique. Aujourd’hui, tu réalises que sa réaction n’avait probablement rien à voir avec toi, mais avec sa propre gêne ou distraction.


2. Pourquoi ce monologue intérieur est-il si dur ?

Origines possibles :

  • : Le cerveau utilise ces replis pour t’aider à t’améliorer, mais il peut devenir toxique s’il est trop critique ou irréaliste.
  • Comparaison avec un « soi idéal » : Tu compares ce que tu as dit/fait avec une version « parfaite » de toi, qui n’existe pas dans la réalité.
  • Peur du rejet : La peur d’être jugée ou exclue active ce monologue, surtout si tu as vécu des expériences passées de rejet ou de honte.

Conséquences :

  • Rumination, anxiété sociale, évitement des interactions.
  • Boucles de pensées négatives qui renforcent l’idée que tu n’es « pas assez » (intéressante, drôle, etc.).

3. Comment faire taire (ou apprivoiser) cette voix critique ?

a. Techniques immédiates

  • Le « contre-monologue » : Comme Aurélia dans ton exemple, crée une voix bienveillante qui répond à la critique. Par exemple : « Tu as dit ça un peu maladroitement, mais l’autre a probablement oublié deux minutes après. Et puis, tu as osé parler, c’est déjà bien ! » Astuce : Dis-le à voix haute, ça ancrera la bienveillance.

  • La question magique : « Si je n’avais pas peur, qu’est-ce que je ferais ? » Cela recentre sur l’action plutôt que sur la peur.

  • Vérifier les faits : Comme Julie avec sa voisine, ose demander à l’autre ce qu’il/elle a vraiment pensé. Souvent, tu découvriras que ton interprétation était fausse.

b. Outils à long terme

  • (inspiré de la thérapie cognitive) : Crée un tableau avec 3 colonnes :

    1. Croyance (« Je suis nulle en conversation »).
    2. Comportement (éviter les soirées, ne pas oser parler).
    3. Réaction des autres (les gens ne te parlent pas → renforcement de la croyance). Objectif : Identifier où tu peux changer ton comportement (ex : aller à une soirée avec un sujet de conversation préparé) pour briser la boucle.
  • Accepter l’imperfection : Les interactions « ratées » sont souvent des opportunités de connexion plus tard (comme l’histoire de Si et Maud). Ose en rire avec l’autre, ça désamorce la gêne.

  • : Partager tes doutes ou tes malaises avec des proches peut créer des liens plus forts. Exemple : « Désolée, je me sens un peu maladroite ce soir, mais je suis contente d’être là. »

c. Changement de perspective

  • : Comme le dit la psychologue Lor, chacun est le centre de son propre univers. Les gens ne te jugent pas autant que tu le crois.
  • Le « liking gap » fonctionne dans les deux sens : Si tu as peur de déplaire, l’autre a probablement la même peur. Tu n’es pas seule.

4. Ressources pour aller plus loin

  • Livre : « La peur de l’autre. Surmonter l’anxiété sociale » de Lora Haw (la psychologue citée).
  • Podcasts : « Émotion » (Louis Média), « The Happiness Lab » (Yale, sur les biais cognitifs).
  • Exercice : Note chaque soir une interaction qui s’est bien passée, même petite. Cela rééquilibre la perception.

5. En pratique : Que faire après une interaction qui te hante ?

  1. Écris ce qui t’a gênée (sans filtre).
  2. Demande-toi :
    • « Est-ce que je sais vraiment ce que l’autre a pensé, ou est-ce que je projette ? »
    • « Est-ce que cette situation aura de l’importance dans 1 an ? »
  3. Agis :
    • Si c’est important, clarifie avec l’autre (ex : « J’ai repensé à ce que j’ai dit hier, est-ce que ça t’a blessé ? »).
    • Si c’est mineur, lâche prise en te rappelant que l’autre a probablement déjà oublié.

Pour finir : Une question pour toi

Ton partage montre une grande lucidité sur ces mécanismes. que tu pourrais tester cette semaine pour désamorcer cette voix critique ? (Ex : parler à voix haute pour te rassurer avant une interaction, ou noter une interaction positive par jour ?)