L’intelligence amoureuse ou la mission du couple

« Tomber amoureux se fait tout seul,

le rester est un choix conscient,

un magnifique chemin à deux »

Thérapeute de couple,

Florentine s’attache à nourrir,

développer et recréer une vie de couple

connectée à ce qui est vivant,

fluide et merveilleux en chaque partenaire.

Elle nous dévoile comment se (re)découvrir grâce à l’autre.

[su_spoiler title= »Cliquer ici pour lire la transcription »]

Traducteur: Elisabeth Buffard
Relecteur: eric vautier

Une seconde.

Il m’a fallu une seconde.

Je suis entrée dans son appartement.

Il était en train de cuisiner,
debout dans sa cuisine.

Le long du mur, un livre de recettes.

Il était en train de peser
des pommes de terre déjà épluchées

pour faire un gratin dauphinois –

peser des pommes de terre déjà épluchées.

Une seconde !

En une seconde, j’ai vu son essence,
la beauté de son être.

J’étais amoureuse.

C’était il y a 20 ans.

Je passais chez lui à l’improviste.
Il pleuvait. J’avais les cheveux trempés.

Et j’ai commencé par joyeusement étaler
le contenu de mon sac à main,

sur son canapé, pour le faire sécher.

Vous auriez vu le contenu de mon sac !

Une seconde !

En une seconde, lui aussi
devenait raide dingue de moi.

Je l’ai vu dans sa merveille
et je l’ai vu comme une merveille,

jusqu’au jour où
son appartement bien rangé,

sa tendance à tout organiser,

les semaines bien planifiées,

commençaient à vraiment
me taper sur les nerfs.

Moi, je viens d’une enfance très libre,
et joyeusement bordélique.

Chez moi, par exemple,
au moment de manger,

on ouvrait le frigidaire, on prenait
ce qu’il y avait dedans, au four,

et ça régalait tous ceux qui étaient là.

Alors vous m’imaginez peser
des pommes de terre déjà épluchées ?

Et il a tellement aimé cet homme-là,

il a tellement aimé, il y a 20 ans,
mon côté « last minute »,

ma tendance à l’improvisation,
mes affaires partout dans l’appartement,

la vie.

Il m’a vue comme une merveille,
et il m’a vue dans ma merveille,

jusqu’au jour où il a commencé à sentir

que c’était vraiment n’importe quoi
de vivre comme ça.

Et progressivement,
comme tous les couples du monde,

nous sommes passés de l’amour fou
à un quotidien plus difficile.

Ça vous parle ?

Dix ans plus tard, trois enfants,
une maison, nos boulots,

et beaucoup de douleur ensemble,

des moments désespérants
où chaque thème part en vrille.

Quand on n’était pas ensemble,

je sentais vraiment
mon amour pour lui, je tenais à lui.

Mais sitôt qu’on abordait un sujet,
pas moyen de s’entendre.

Je me sentais désespérée,
j’étais terrifiée.

Je commençais à penser « séparation ».

Un cauchemar !

Ça vous parle ?

« Ils se marièrent, furent heureux
et eurent beaucoup d’enfants », intox.

Tous ces trucs de prince charmant, intox.

Ce sont juste des mythes pour nous
empêcher de nous mettre au boulot,

parce que l’amour, c’est du travail.

Pour nous, ça a commencé
sous la forme d’un stage,

un stage de couple Imago,
trois journées qui ont tout changé.

Ils nous ont fait faire
des trucs incroyables:

nous poser, ralentir,

respirer,

dialoguer, comprendre.

Ces trois jours ont tout changé.

Nous avons là compris que nous avions
fait le recrutement parfait

pour redevenir vivants.

C’est romantique de parler
de recrutement en amour ?

Et pourtant, un recrutement fondamental,

parce que nous sommes nés des merveilles.

Nous sommes nés des merveilles,
riches de plein de potentiels.

Et puis, nous avons fait un voyage.

Mais regardez les bébés :

capacité à se mettre en lien
ou à être dans notre bulle,

ténacité, tendresse, sensualité,

curiosité, créativité, joie et j’en passe,

nous sommes nés de véritables merveilles.

Et puis nous avons fait un voyage.

Nous avons fait un voyage
dans une famille, une communauté.

Nous avons fait un voyage dans un monde
qui nous a passé des messages

et qui nous a fait des « psychiatrices ».

Alors ma langue n’a pas fourché, là.

« Psychiatrices » : bleus à l’âme,

cicatrices psychiques.

Au cours de ce voyage, nous avons
placé des parties de nous,

de notre vitalité, de notre
liberté d’être, de notre joie…

… dans un congélateur.

Et c’est comme ça que nous arrivons
dans la vie des merveilles,

en partie congelés.

Théorie du congélateur :

Bon, vous voyez un congélateur ?

Pas celui-là.

Il existe une autre sorte congélateur,
beaucoup plus important,

celui dans lequel nous avons
mis des parties de nous.

Il y a pu y avoir des deuils,
de l’abus, de la maltraitance.

Mais, simplement grandir
au contact des miens

va me faire décider
de congeler des parties de moi.

Exemple : j’ai quatre ans et je suis
dans la boîte à couture de mamie.

Et j’explore les bobines, les ciseaux –
j’ai quatre ans, c’est magique.

Quand mamie revient,
je comprends immédiatement.

Sa mine, le ton de sa voix,
quelque chose ne va pas avec moi.

Et j’ai quatre ans,

alors, je décide que ma curiosité,

je vais la mettre
dans mon petit congélateur.

Parce qu’enfant, je vais toujours décider
de me séparer de parties de moi,

plutôt que de risquer
de perdre le lien avec l’autre.

Et puis en tant qu’enfant aussi,
je vais faire des photos.

Je vais faire comme des photos
du dedans de mon petit monde.

J’ai mon petit album photo perso

des traits de caractère
positifs et négatifs

des gens qui se sont occupés de moi.

Et vous savez ce que je vais faire,
arrivée dans la vie adulte ?

Je vais tomber amoureuse de quelqu’un
qui ressemble aux photos de mon album.

C’est comme ça qu’en couple, on est câblé
pour se mettre dans tous nos états,

pour le meilleur et pour le pire.

Alors, je récapitule.

Quand je tombe amoureuse,
quand je tombe amoureux,

1. J’ai vu la merveille
et je sais la merveille que tu es.

2. Je suis restée vraiment vivante
là où toi, tu t’es beaucoup congelé.

C’est là qu’on dit
que les opposés s’attirent.

3. J’ai le superpouvoir
de te mettre dans tous tes états.

Eh oui, je suis dans ton album photo !

Alors,

alors sans relâche, comme j’ai vu
la merveille, je sais la merveille,

je vais aller toucher le nerf,
te mettre en métamorphose,

parce que je veux le grand toi,
je te veux entier.

Et ça crise.

L’intelligence amoureuse,
c’est passer de

« Aïe, tu me fais mal ! »
alors je vais me défendre dans le lien,

à « Aïe ! Je t’ai mis tellement
près de mon cœur,

quand tu bouges,
tu passes ta main sur mes bleus,

c’est douloureux, j’ai besoin de ton aide ».

Parce qu’en couple,
il ne faut pas se tromper d’ennemi.

L’autre n’est pas mon ennemi ;
l’ennemi, c’est les bleus de mon enfance.

C’est les bleus de nos enfances

qui nous prennent en otage
dans la relation.

Et tout ce qui est de l’ordre
de la critique, du blâme,

des mouvements d’humeur, de la colère,

tout ça, c’est juste
les détours de notre cœur

pour parler de besoins profonds.

Et on doit apprendre à les dire autrement,

parce qu’en couple,
nous avons une mission.

La mission du couple, c’est
nous rendre à notre merveille,

redevenir entier, vivant, décongelé…

Et ça pique !

Vous savez, ces picotements
des mains après la neige,

on a vite fait de croire
que c’est le froid qui fait mal.

Non, le froid endort !

C’est le sang qui ramène de la vie
qui nous brûle.

Alors, on a pris rendez-vous.

J’ai un scoop pour vous :

entre amoureux, même si on vit
ensemble 24 heures sur 24,

on doit prendre des
rendez-vous, dans l’agenda,

avec un ordre du jour,
un process, comme au bureau.

C’est comme ça que tous les deux,

dans des dialogues,
on a pu faire le voyage

et accueillir un petit garçon
de l’histoire de mon mari

qui avait toujours dû
ranger pour être aimé,

et qu’on a pu accueillir
et donner de l’amour ensemble

à une petite fille
de mon voyage de l’enfance

qui avait pas mal manqué de repères.

Et ces conflits récurrents sur le thème

bazar, rangement,
improvisation; planification,

tous ces moments
où on s’était mis en dispute,

tout ça s’est dissous.

J’ai un deuxième scoop pour vous.

Le conflit, ce n’est pas un problème,
c’est le cœur du réacteur.

C’est précisément le rendez-vous à deux
pour transformer le plomb en or.

Et sans outil, sans conscience,
on transforme le plomb en bouillie.

Parce que nos conflits sont des cadeaux.

Le conflit, c’est la croissance
qui toque à la porte.

Mais nous emballons ces cadeaux
avec un papier tellement repoussant

que personne ne veut les ouvrir.

Qui veut de la colère,
du rejet, de la violence,

de la mauvaise humeur, de la critique,
de la victimisation ?

Personne, per-sonne !

Alors, cet homme et moi,

 

nous nous asseyons,

nous respirons,

nous nous connectons,

et nous faisons ce voyage
pour éclairer l’enfance,

et, dans la sécurité,
dans la connexion,

ouvrir à deux ces congélateurs

qui nous empêchent
de nous aimer totalement.

C’est comme une méditation relationnelle

pour libérer en douceur
les cris du dedans,

les mettre à une autre place.

Le couple est un voyage initiatique.

Mesdames, messieurs, attention !

Le couple nous met en danger de vie !

Alors, vivons !

Et je ne résiste pas à vous présenter…

(En riant) … mon laboratoire de vie.

(Applaudissements)

(Acclamations)

 

 

[/su_spoiler]