Les mots d’amour on l’art
de touchez avec précision
notre sphère émotives.
si on aime la rencontre et la fin
de l’histoire qu’on se raconte
oublie les moments du quotidien
[su_spoiler]
[Musique]
ça fait plusieurs fois ces derniers
temps que je vois passer la même
histoire sur les réseaux sociaux
l’histoire d’une vieille dame du
Connecticut une certaine dorothyda au
sol
un jour par hasard cette dame tombe sur
une vidéo YouTube qui montre son mari en
pleine soirée karaoké
elle le voit vivre sa meilleure vie
chanter danser comme un fou bon jusque
là pas de problème
sauf que à la maison ça fait 62 ans
qu’il a déclaré à sa femme qu’il était
devenu sourd sourd comme un pot
et donc grâce à cette vidéo YouTube
dorotik comprend qu’en fait pendant
toutes ces années son mari lui a menti a
fait semblant de ne rien entendre pour
ne plus avoir à l’écouter ni à discuter
avec elle
[Musique]
alors comme on est aux États-Unis ni une
ni deux Dorothy décide de porter plainte
et c’est peut-être là que l’histoire est
la plus dingue l’avocat qui défend le
mari plaide que si son client a simulé
la surdité c’est justement pour sauver
leur mariage
voilà ça sent la vieille blague et
effectivement quand on clique sur
l’article on s’aperçoit vite qu’il
s’agit d’une fake news mais d’une fake
news qui a énormément de succès depuis
plusieurs années sur le net et je me
demande pourquoi pourquoi elle attend de
succès pourquoi on a envie de la faire
tourner ce que j’ai fait d’ailleurs à
ses copines ou à son conjoint avec un
emoji clin d’œil sous-entendu ça vous
rappelle quelque chose
est-ce que c’est une vieille survivance
d’un humour phallocrate nauséabond ou
plutôt que ça renvoie tous les couples à
la difficulté de se parler et que ce
qu’elle raconte au fond cette histoire
c’est que la grande question du couple
c’est peut-être pas tant le sexe enfin
pas que que c’est aussi le langage
vivant heureux
avant la fin du monde
on est mal on est mal
un podcast anti-crise pour nous aider à
repenser nos modes de vie
en ligne chaque mois si on y arrive
une proposition de Delphine Saltel
réalisé par Arnaud Forez
par Arte Radio
je ne sais pas si vous vous souvenez
d’un de mes épisodes sur les séparations
conjugales ou on entendait Irène Terry
la grande sociologue spécialiste du
couple et de la famille je vous ai dit
tout à l’heure je pense que le moteur
principal des changements de la famille
c’est l’avènement de l’égalité des sexes
comme une valeur fondamentale de la
démocratie à un moment elle parlait de
la révolution de l’égalité des sexes et
elle expliquait en quoi c’est une
révolution de la parole avec l’avènement
de l’égalité des sexes les femmes
deviennent vraiment des interlocutrices
des hommes que le grand changement de
l’égalité c’est ça on passe d’un idéal
d’un couple fusionnel sous l’autorité du
mari quitte à ce que Madame ne parle pas
beaucoup à l’idée que l’idéal du couple
égalitaire c’est un duo dans un duo il
faut deux voies différentes pour le
chanter l’idéal du couple du haut c’est
que chacun des membres et de l’oreille
pour la voix de l’autre
ce changement majeur qu’on peut appeler
donc l’avènement d’un mariage
conversation si on veut l’enjeu c’est de
continuer la conversation
ce modèle du couple conversation sur le
papier il fait envie à tout le monde
quand on vit ensemble depuis plusieurs
années se parler
le soir en rentrant du travail ça relève
au mieux du small talk
quelques fois du dialogue de sourd
quand c’est pas carrément de la grosse
embrouille
en tout cas moi j’ai souvent
l’impression que dans un couple le
langage ça peut être autant un remède
qu’un poison et donc quand j’ai vu que
la linguiste Julie neveu qui est
professeur à la Sorbonne avait écrit un
livre qui s’appelle le langage de
l’amour je me le suis procuré illico il
y a une nécessité à nommer ce qu’on
ressent parce que c’est la seule façon
qu’on a de le partager parce que le
langage est notre milieu commun
ce livre il montre comment dans une
histoire de couple à chaque étape de la
rencontre à la rupture on utilise des
mots des figures de style des schémas
narratifs particuliers et Julie neveu ce
qui l’intéresse en tant que linguiste
c’est c’est fait de langues les mots que
l’on dit mais aussi ce que ces mots
disent de nous
et comment ils influencent directement
nos histoires d’amour notre langage
surtout si c’est la langue maternelle ce
serait un peu comme si c’était notre
maison on est né dedans on regarde par
les fenêtres et on pense que il y a pas
de fenêtre voyez on a une sorte
d’illusion d’objectivité
et étudier la linguistique c’est une
façon de se rendre compte qu’il y a des
fenêtres et que ces fenêtres elles ont
une forme une couleur et elle projette
une certaine façon de se représenter la
réalité et c’est même aussi une façon si
tentait qu’on voit la fenêtre de voir
qu’elle peut faire en effet miroir et de
se regarder dedans et de se dire ah
alors attends Mélissa mais donc ça
implique ça comme représentation de ma
réalité et de se demander si c’est
vraiment ça qu’on veut faire en fait
c’est vraiment ça qui correspond à nos
besoins à nos envies et nos façons
d’aimer
c’est beau cette image on utilise le
langage comme on habite une maison une
maison où on a grandi on n’a pas besoin
de réfléchir quelle plaque à il faut
ouvrir pour trouver le café ou ses
culottes on sent même plus son odeur
tellement on y est habitué et ben le
langage c’est pareil en tout cas notre
langue maternelle on est né dedans on y
vit depuis toujours c’est confortable
mais c’est ce qui fait que la plupart du
temps on ne réfléchit pas complètement à
ce qu’on est en train de dire et c’est à
ça donc que serre la linguistique à nous
faire prendre conscience de tout ce que
nos mots charrient comme signification
parce qu’évidemment ça a un impact sur
comment on vit les choses
je sais pas ce que ça veut dire
hypocrite ça veut dire qu’il dit pas ce
qu’elle pense
par exemple dans le domaine de l’amour
puisque c’est ce qui nous intéresse là
la bonne personne tu penses que c’est la
bonne personne j’ai trouvé la bonne
personne avec l’article défini en fait
le ou là et l’adjectif bon là qui a une
valeur absolue en fait c’est ça veut
dire qu’il y a une seule bonne personne
et ça
crée une attente très très forte et un
présupposé que tous les autres sont les
mauvais
c’est à dire que dans le langage se loge
un peu partout des résidus de fantasmes
de monogamie d’unicité d’éternité et que
ces résidus là qui parfois peuvent peser
très lourds quand on commence une
relation ou même quand on la continue et
qu’on s’effraie de ce qui est des
moments où d’un coup on est sorti de
l’évidence mais en fait le langage la
construit c’est évident donc il faut
c’est disons que c’est utile d’être
attentif parce qu’en fait oui c’est
largement hérité c’est structures
linguistiques on récupère dès la
naissance et en fait parfois c’est des
héritages donc non seulement n’est pas
conscient mais dont on aurait besoin de
se débarrasser pour se libérer un peu de
nos constructions
[Musique]
aujourd’hui
j’ai rencontré
l’homme de ma vie
[Musique]
bon évidemment il y a l’homme et la
femme de ma vie bon une fois que vous
avez dit ça comment ne pas envisager une
rupture avec cette personne comme la fin
de votre vie enfin comme si le langage
avait envoyé disséminé des sortes de
pièges et quand tombe dedans parce qu’on
a besoin de romance et que on aime ces
mythes et qui sont magnifiques et qui
constituent notre histoire intime et
collective aussi mais ils peuvent être
néfastes toxiques quoi peser c’est
compliqué je trouve à accepter cette
idée qu’on devrait se méfier des mots
d’amour parce que précisément quand on
est amoureux on peut pas s’en empêcher
de parler de chanter d’écrire de slamer
l’amour et le langage ça va ensemble ça
se nourrit
ce n’est pas un texte de plus ce n’est
pas juste un poème parfois elle aime mes
mots mais cette fois c’est elle que mes
mots aiment je l’ai dans la tête comme
une mélodie alors mes envies dansent
dans notre histoire rien n’est écrit
mais tout sonne comme une évidence
quand on tombe amoureux on est souvent
démunis face à cette chute une forme de
chute à la fois dans le corps puisqu’on
c’est notre désir qui nous porte vers
l’autre et donc il y a ça qui fait que
déjà on se sent plus fragile plus
vulnérable et en fait on a besoin de se
le raconter d’abord parce que sans le
langage la chose pourrait ne pas exister
c’est à dire que c’est le langage qui
donne une réalité à un sentiment mais à
une relation et on a tendance à se
raconter donc des histoires des
histoires d’amour qu’on se raconte à peu
près dans d’autres domaines de nos vies
mais la particulièrement là il
semblerait que l’humain n’est pas
capable de vivre une histoire d’amour
sans se la raconter et quand il se la
raconte donc cette histoire et bien elle
commence par ce début qui est le fait de
tomber amoureux et en attendant ça
convoquer toutes sortes de forces
extérieures pour compenser notre perte
de contrôle linguistiquement
sémantiquement ça va donner quoi ça va
être le destin en général on devait se
rencontrer c’est le destin qui a voulu
qu’on se rencontre qu’il a mis là il y
avait des signes et donc c’est ce que un
moment de surinterprétation d’hyper
hermées nautisme on est là tu as vu et
si j’étais là ce jour là c’est à cause
de ça c’est parce que on voit des signes
partout et le monde entier conspirerait
pour favoriser cette rencontre
c’est-à-dire qu’on a du mal à en rester
au hasard donc on construit un récit
avec une légitimité et ce qui est à la
fois donc une fois de plus très utile
pour donner du sens à l’histoire que ce
soit une histoire qu’on puisse se
raconter ensemble à deux
peut à certains moments aussi se
retourner contre nous au sens où si
c’est le destin qui a voulu qu’on soit
ensemble le dessert ne veut pas qu’on ne
le soit plus ensemble donc une fois plus
là on a une représentation en fait
offerte par le langage qui va rendre
encore plus difficile d’envisager une
rupture si en fait elle est nécessaire
il n’est pas prévu dans le langage
qu’une histoire d’amour se passe mal
je trouve que les humains passent
beaucoup de temps et de tristesse et de
culpabilité à accepter des faits qui en
fait sont naturels mais qui n’étaient
pas prévues par le langage donc il faut
s’en méfier
c’est tellement un réflexe de tout
transformer en histoire qu’on ne s’en
aperçoit même plus on croit qu’on a les
deux pieds bien plantés dans la réalité
de ce qui nous arrive alors qu’on est
déjà en train d’en faire une histoire et
donc forcément une espèce de fiction qui
occulte des choses les déformes les
mythifis mais que l’on prend pour le
réel ça me fait penser à un texte génial
de l’autrice de science-fiction
ursula Le qui s’appelle la
théorie de la fiction panier
alors ça parle pas d’amour mais écoutez
vous allez comprendre le rapport avec le
sujet
dans les régions tempérées et tropicales
où les hominidés sont devenues des êtres
humains
l’alimentation était principalement
d’origine végétale
au Paléolithique on est audithique et à
l’époque préhistorique 65 à 80% de ce
que mangeaient les êtres humains étaient
cueillis les chasseurs de mammouth
occupent certes de façon spectaculaire
les grottes et les esprits mais ce que
nous devions réellement faire pour
rester gras et vivant c’est accueillir
des graines des racines des bourgeons
auxquels s’ajoutait la collecte
d’insectes et de mollusques et autres
menus fretins sans défense afin
d’augmenter les apports de protéines
et nous n’avions même pas besoin d’y
travailler dur un humain préhistorique
moyen pouvait vivre bien en travaillant
environ 15 heures par semaine ce qui
laisse beaucoup de temps pour d’autres
choses tellement de temps qu’il est
possible que quelques agités qui
n’avaient pas un bébé dans les parages
ou pas de talent pour fabriquer cuisiner
ou chanté cela ont pu décider un jour de
filer chasser des mammouths
dès lors les chasseurs habillent
pouvaient rentrer en titubant sous un
fardeau de viande les bras plein
d’Ivoire et avec une histoire
mais ce n’est pas la viande qui faisait
la différence
c’était l’histoire
[Musique]
et oui c’est tellement captivant de
raconter comment on a transpercé l’oeil
d’un gros pachyderme avec sa lance
beaucoup plus captivant en tout cas que
de raconter toutes les journées passées
dans la pampa à chercher de la voix de
sauvage
les histoires de chasseurs sont
meilleures il y a plus d’actions
d’émotion d’héroïsme c’est pour ça qu’on
les préfère
sauf que à force d’entendre et de
transmettre toujours ces histoires là on
a oublié les histoires de cueilleurs et
de cueilleuse surtout et c’est
l’hypothèse sur celui-là le green on
s’est mis comme ça à considérer que la
consommation de viande la chasse les
armes les massues les flèches étaient
les attributs essentiels de l’humanité
alors qu’à l’origine l’outil central de
notre culture c’est beaucoup plus
probablement un petit panier enfin une
petite calebasse une poche avec une
écharpe pour le porter en bandoulière
mais aucune fiction n’a été produite
pour s’en souvenir le valoriser s’y
intéresser pour la linguiste Julie neveu
les histoires d’amour c’est un peu
pareil on a tendance à les raconter
toujours de la même manière en laissant
de côté toute une partie de l’histoire
mais c’est comme si en fait toute notre
capacité narrative elle se réfugiait au
début de l’histoire et qu’elle était un
peu en boucle d’ailleurs voyez quand on
reste un peu longtemps en couple et
qu’on se raconte comment c’est rencontré
et que c’est le récit qu’on privilégie
en fait qu’on soit parce que c’est là
qu’il y a cette histoire de rencontre
qui a été le bouleversement et on n’a
pas les outils pour commenter
glamouriser le présent c’est à dire
notre vie la vie au présent d’un couple
qui dure parce qu’on a été trop bercé de
récits disproportionné il y a pas du
tout assez de récit de l’amour au
quotidien il y a un manque au milieu
quoi vraiment il y a des artistes qui le
font mais c’est pas la majoritaire on
dit que le temps détruit mais le temps
n’est pas notre ennemi parce que plus je
te connais et plus je me sens bénie
assez Béné pour t’emmener à l’église
tire auprès de troubles le truc où la
mort nous sépare on va rester dans cette
vie
les questions de réussir à continuer à
fantasmer avec une personne avec qui on
est encore donc c’est difficile je dis
pas que c’est facile parce que le
quotidien est défini par la répétition
et que la répétition induit peut-être la
lassitude en tout cas l’habitude et donc
le langage n’est plus là à s’émerveillé
de l’autre puisque l’autre n’est plus
perçu que comme familier en fait
que pourquoi c’était si beau cette
passion parce qu’elle l’a jamais oublié
que l’autre était toujours autre
quelqu’un qui est là dans ma vie et qui
aurait pu ne pas y être et rien que de
se le dire ça devrait susciter un peu
d’émerveillement je pense que c’est
important que l’énergie ne soit pas
seulement domestique qu’elle continue à
être linguistique qu’elle continue à
procurer un récit satisfaisant de ce
qu’est notre vie amoureuse au présent
je cherche pardon bonjour le centre de
thérapie familiale c’est on m’a dit que
tu es par là oui c’est près de l’église
le dernier vous partez sur votre droite
et vous avez deux bâtiments
il y a quelques années j’ai fait une
série de reportages pour France Culture
sur un centre de thérapie de couple dans
un hôpital public du sud de la France
les gens venaient consulter à deux parce
qu’il n’arrivait plus à se parler sans
se crier dessus parfois d’ailleurs il
avait fini par ne plus parler du tout
ils étaient pris en charge par deux
thérapeutes un psychiatre et une
psychologue à raison d’un rendez-vous
par mois à peu près
bien
alors c’était vu fin août vous nous
aviez annoncé monsieur
votre décision de rentrer de revenir à
la maison
racontez-nous un peu vous en êtes depuis
la dernière fois depuis la reprise ben
le site Internet de discussion et de
colère ou de pas de colère de voix
donc on voyait pas de changement dans
les
débuts de rentrée je l’avoue que le
changement ce n’est pas paru dans le
comportement des uns et des autres n’est
pas apparu
ce qui m’avait frappé c’est l’impression
que le patient aurait dû commencer la
thérapie beaucoup plus tôt qu’au fil du
temps ils avaient laissé s’installer
entre eux une espèce de duo infernal le
concept qu’utilisait le psychiatre
c’était la boucle relationnelle on s’est
retrouvé dans cette maintenance mais
maintenant on se retrouve dans cette
position finalement je reprenais la
position de l’institutrice qui disait
oui non tu fais bien tu fais pas bien et
où j’avais un grand cadeau à côté de moi
qui faisait n’importe quoi quand il
avait envie
[Musique]
de stress augmente lié au stress du
quotidienne les travaux la chaleur les
enfants
vous vous retrouvez chacun de votre
position refuse dire ce que vous
connaissez par cœur c’est je fais l’ado
et je fais la crise d’école qui dit
qu’est-ce qu’il doit faire et pas faire
et l’important c’est de pouvoir
reparlera de la même manière
non mais j’aime pas moi je suis pas je
suis pas fier de moi je veux dire je
voulais dire dessus elle a raison
quelque part la boucle relationnelle
c’est l’idée qu’à force de vivre
ensemble au fond quelles que soient les
circonstances ou les détails techniques
en vacances à Chamonix ou en virer à
IKEA on joue toujours le même sketch une
espèce de numéro bien rodé qu’on a mis
en place inconsciemment sans le décider
ni se concerter sur la distribution des
rôles
c’est inacceptable quand on guillemets
vis-à-vis de moi on a un ado mais
vis-à-vis des enfants c’est une entre
guillemets tu joues le rôle du père
autoritaire sans décéré et tu te rends
compte que tu fais n’importe quoi
tu te mets pas à leur niveau
parfaitement raison de ce que vous dites
là mais la manière dont vous êtes en
train de le dire à votre mari peut-être
il pourrait le vivre comme à balle en
train de me faire un son là et d’un côté
ça me rassure parce que c’est bien qu’on
me dise des choses et en même temps ça
me maintient dans ma position de
l’adolescence
le plus terrible quand on assiste à ces
consultations c’est le sentiment qu’au
moment même où les couples essayent de
l’analyser cette fameuse boucle d’en
parler pour en sortir ils sont en train
de la reproduire comme si il ne pouvait
plus des programmer quand je réagis je
réponds facilement on va dire j’ai plus
de répartis souvent tu le retraites
comme étant de la bêtise chez toi ce qui
est pas le cas parce que souvent c’est
il y a des choses qui sont pertinentes
mais qui ressortent pas à la santé on va
dire et tout du coup
comme ça c’est pas effectivement ce que
je ne dis pas c’est comment est-ce que
je peux t’aider je te le dis
relativement peu
ça c’est que tu n’écoutes pas
les arguments et tu penses que ce que je
te dis c’est juste
[Musique]
c’est ça qui intéresse Julie ne veut
comment le langage produit cette boucle
relationnelle comment il y participe
partageant un même espace les
partenaires d’une relation vont se
retrouver à projeter sur l’autre des
phrases ou des répliques un peu on
constate qu’il est comme ceci comme cela
et on va avoir tendance à penser que on
sait définitivement une fois et pour
toutes et donc on va dire qu’il est
prévisible voyez le langage va montrer
cette fixation de lettres c’est à dire
qu’on fige l’autre et souvent on se
distribue des rôles
dans la syntaxe on voit bien les phrases
où on dit il est comme si comme ça c’est
un jaloux c’est une jalouse voyez avec
le C apostrophe qu’un démonstratif qui
montre du doigt donc on va avoir
beaucoup de formules qui se retrouvent à
dire ce que l’autre seulement dans
l’espace conjugal comme si c’était son
identité définitive on est figé
complètement et ça se retourne contre le
couple en fait ce que j’ai du mal à
comprendre c’est comment on va arriver
comment on va arriver à survivre à ça
de franchir des étapes ça devient
infable là
[Musique]
je sais moi je sais plus
enfin je sais pas à quel moment il faut
dire que c’est fil que c’est fini qu’il
faut partir quoi
on fait comment
le langage on voit bien qu’au début il
se nourrissait de cette créativité pour
s’émerveiller du sentiment que l’autre
créant en nous et là il se développe
surtout pour accuser
identifier comparer tu es comme ton père
ta mère très intéressante les
comparaisons parce qu’on s’aperçoit que
quand vous dites que quelque chose est
comme quelque chose d’autre vous ne
comparez au vu d’une seule qualité d’un
seul attribut il y a qu’une seule chose
que vous êtes en train de comparer donc
une fois de plus c’est très réducteur ou
alors c’est surtout que le reproche est
totalement implicite c’est comme ta mère
en quoi de quoi et lucidon
et tout ce qui est implicite peut être
mal interprété ou pas interprété alors
que plus on explicite on formule on dit
plus il y a matière à conversation à
changer les rôles à redistribuer les
cartes à s’entendre de nouveau
le langage peut nous sauver du langage
vous voyez en fait le langage porte très
souvent dans le couple cette
reconnaissance c’est-à-dire je te
connais je sais qui tais-toi alors qu’en
fond il est aussi l’outil qui va
permettre de dire mais qui es-tu encore
et aujourd’hui et demain peut-être c’est
à dire de continuer à dire j’ai envie de
te connaître davantage et je ne te
connais pas encore du tout totalement la
conversation elle porte l’idéal que
l’autre est toujours à connaître
davantage
l’autre est toujours à connaître
davantage c’est magnifique mais c’est
comme les aphorismes qu’on trouve dans
les biscuits offerts à la fin du repas
au restaurant chinois en général je suis
d’accord avec mais j’ai du mal à les
mettre en pratique et donc j’ai demandé
à Julie neveu comment faire concrètement
avec le langage pour continuer à
découvrir la personne avec qui l’on vit
ne pas lui coller toujours la même
étiquette restez ouvert à son altérité
qu’est-ce qu’il faut lui dire
il s’est posé des questions je dirais
qu’il faut être attentif à ne pas
formuler des vérités à l’encontre de
l’autre et donc lui poser des questions
ne jamais préjugé que vous savez ce
qu’il va répondre même si il se répète
or il me semble que finalement si vous
lui laissez le temps de s’exprimer c’est
aussi ça laisser à l’autre le temps de
prendre la parole et de l’apprendre à
son rythme à d’une façon qui lui
corresponde en lui demandant de faire
l’effort peut-être de prendre la parole
parce qu’il ça aussi il y a plein plein
de relations on prend plus la parole ou
alors on l’a on la prend pour parler de
tout sauf du couple
[Musique]
le langage qui sert à parler du couple à
se demander si on s’aime encore comment
pourquoi ce dont on aurait besoin ce
qu’on pourrait essayer de changer bref à
avoir une vraie grosse discussion Julie
ne veut l’appelle le langage du metacle
et en bonne linguiste elle en profite
pour rappeler que meta est un préfixe
grec qui peut vouloir dire plein de
choses ce qui dépasse ce qui est
au-dessus ou au-delà et que souvent on
l’utilise pour signifier qu’on est en
train de réfléchir sur soi-même
d’essayer de lever le nez pour se
regarder d’en haut ce qui est une scène
discipline je trouve quand on est en
couple
elle utilise aussi Julie neveu le terme
de charge expressive
au sens où dans une relation il faut
veiller à se répartir équitablement la
tâche que ce soit pas toujours le même
qui disent chérie j’aimerais qu’on parle
et en face chaque fois le même qui
s’esquive bien sûr mon amour mais plus
tard là tout de suite je dois passer à
la MAP récupérer le panier c’est urgent
voilà mets ta couple charges expressive
tant qu’on inventera des mots et qu’il y
aura des linguistes pour nous aider à
les décrypter on sera pas complètement
foutu le langage pourra nous sauver du
langage
à suivre sur Arte Radio.com
vivons heureux avant la fin du monde est
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